Comment l'esprit et les neurones sont-ils reliés ?
Ils m’ont passionnés, fait rêver, m’ont poussé aux limites de mon entendement.
Je n’invente rien, j’essaie de trouver un lien cohérent dans tout çà. Je ne pense pas que tout a été dit mais que, en germes, tout est là, donné à décrypter ou à réinterpréter. Je ne suis que le résultat de ce que cet amalgame hétéroclite informatif a codifié dans mes réseaux neuronaux, coincés entre mes cellules gliales et baignés en permanence par mes hormones émotionnelles.
Grâce à ces matériaux, je peux aujourd’hui tenter d'esquisser une pensée personnelle qui s’en détache tout en les intégrant partiellement. J’y ai fait mon marché idéologique, certaines boutures chimériques ont pris ; d’autres non. Une curiosité orientée m’a guidé dans ces lectures, de façon de plus en plus spécialisée, chaque fois que j’ai eu le sentiment que c’était une pièce valable du puzzle dont je ne connais même pas encore l’image finale.
"Évolution du cerveau et création de la conscience" de J. Eccles
Pour exemple le livre de Sir John Eccles : son travail descriptif sur l’évolution du cerveau est passionnant.Sir John Eccles
Il y donne, notamment, une explication intéressante de la séparation du cerveau en deux parties : gauche et droite. Selon lui le cerveau s'est séparé en deux « mi-graines » pour des questions d’optimisation de la circuiterie neuronale dans le volume disponible, celui-ci étant contraint à ne pas dépasser une certaine taille à cause de la diminution de l'ouverture de l'os du bassin de la femme préhistorique, une fois celle-ci devenue bipède...
Par contre sa tentative de décrire comment la conscience peut agir sur le réseau neuronal de notre cerveau la supportant laisse à désirer, à mon avis. Il y imagine une sorte d’échange ionique permettant de modifier la valeur de décharge neuronale par la pensée, sans quitter le monde physique. Eccles a tenté d'adapter le modèle standard des particules largement dominant en physique en introduisant des particules d'esprit, mais sans arriver à convaincre. Mais combien de personnes se sont essayé sans succès à rendre compte du lien de causalité entre l'esprit et la matière ?
Un petit lien trop négligé
Mon intuition me dit que l’une des clés de la recherche de la voie médiane ce trouve là, dans cette interaction d’un autre type si difficile à appréhender entre l’esprit et le corps. Cette interaction, objet de toute la philosophie de l’esprit est fondamental pour notre compréhension du monde.Pour ceux qui ont des connaissances en épistémologie* le questionnement de John Eccles me rappelle ce que l’on nomma : la catastrophe ultra-violette.
La catastrophe ultra-violette
La catastrophe ultra-violette.
Au début du XXe siècle, on observa que le rayonnement d'un corps noir chauffé devait atteindre théoriquement des valeurs énormes, alors que l'expérience ne donnait que des valeurs faibles. Ce corps noir devait même atteindre à partir d'un certain stade un rayonnement théoriquement infini. Cette impossibilité est ce que l'on appelle une prédiction contre-factuelle des théories classiques.J’ai le sentiment grandissant que la nature de l’interaction esprit-matière a le même potentiel créatif, voire révolutionnaire.
La seule façon de résoudre le problème a été pour l'illustre physicien Max Planck de remplacer des valeurs continues par des valeurs par paliers.
Personne ne s'était alors véritablement penché sur la question. On était dans l'ère du positivisme et de l'auto-satisfaction en physique. On pensait avoir tout expliqué. Mais ce petit détail négligé alors aboutira à la théorie des quanta et donc à la physique quantique qui révolutionnera totalement le sens commun et entrera même en contradiction avec les théories géniales de la relativité d'Einstein. On commence à peine à en percevoir l'étendue des conséquences, pas loin d'un siècle après.
Elle est la petite fissure dans le mur devant laquelle on passe de temps en temps, en se disant « il faudra bien qu'un jour j'y mette de l'enduit pour qu'elle se voit moins », sans savoir que cette fissure cache potentiellement un affaissement de terrain qui risque d'embarquer un jour le mur mais aussi toute la maison, voire toute la colline...
Et L'étude de cette interaction pourrait déboucher sur bien plus qu’une nouvelle curiosité théorique de plus.
C’est la tentative de Sir John Eccles qui m’amène ici, des années après avoir lu son livre, à me mettre à écrire à mon tour pour aller plus loin. Car je vois dans ce petit lien trop négligé une ouverture incroyable.
Exocytose et indétermination causale
Sir John Eccles fait aussi le constat qu'il existe un processus physique indéterminé au niveau des synapses lieu de tous les échanges neuronaux nommée : exocytoseL'exocytose est la libération de substances chimiques au niveau des synapses. Ce sont par les synapses que transitent les messages nerveux allant vers les neurones ou les muscles.
Le processus de l'exocytose a une probabilité variable et parfois très faible de se produire. Mais cette petite indétermination est amplifiée et peut donc produire des effets visibles au niveau macroscopique.
Neurone A (transmetteur) vers neurone B (récepteur)
1. Mitochondrie
2. vésicule synaptique avec neurotransmetteurs.
3. Autorécepteur
4. Synapse libérant des neurotransmetteurs (sérotonine)
5. Récepteurs postsynaptiques activés par des neurotransmetteurs (induction d'un potentiel postsynaptique )
6. Canaux calcium
7. Exocytose de vésicules
8. Neurotransmetteur recapturé
(d'après Wikipedia)
Une petite bulle de liberté possible
Ce processus indéterministe laisse donc une marge de manoeuvre qui échappe à la nécessité des déterminismes physiques résultant de la mécanique de la matière.Il est peut-être alors la traduction physique de l'action de notre volonté, de notre esprit, qui trouve à l'intérieur de cette indétermination, la place pour exercer son libre- arbitre.
Il y a là donc un point fondamental à relever :
Ce qui est vu comme de l'indétermination sur le plan des causes physiques est peut-être la traduction « observable » de l'action de l'esprit sur la matière.
Une conjecture de conciliation
Je suis même tenter de formuler une conjecture pour laquelle il sera peut-être possible de réaliser une expérience afin d'éventuellement la réfuter ou la valider expérimentalement.La voici :
L'action de mon esprit est, de l'intérieur, vu comme un processus causal et déterminé (c'est moi qui décide de mon action) mais de l'extérieur, sur le plan de l'observation physique comme étant un processus indéterministe (mes choix ne sont pas prédictibles par une observation purement physique de l'état de mes circuits neuronaux).Donc tout comme mon esprit ne peut pas se voir de l'extérieur, la causalité de celui-ci non-plus, ce qui ne m'empêche pas d'être sûr de pouvoir agir de mon propre chef, même si les sciences physiques ne peuvent l'expliquer, car elles ne parlent que de l'étendue, de la matière, de ce qui se voit et se mesure « extérieurement ». Sur le plan matériel, l'observation scientifique ne peut voir que l'expression du hasard, d'une indétermination, précisément là où des comportements physiques sont le fait d'une volonté qui s'exerce.
Ce lien esprit-matière est ainsi une boite de Pandore car il écornera de façon égale la religion et la science.
C’est certainement la seule passerelle existante concrète entre l’absurdité de l’apparence d’un univers fait de matière, d’énergie, d’auto-organisation et de hasard et le monde réel bien que voilé, porteur de sens et de cohérence.
Le fait que ma conscience, pur esprit, par l’intermédiaire de ma volonté puisse me faire agir dans le monde physique m’interpelle.
Généralisation du lien causal à l'univers
Cela m’amène à imaginer, par analogie, que l’univers matériel, dans son ensemble, pourrait entretenir de la même façon que notre cerveau, un lien avec une gigantesque conscience liée à l'organisation complexe de ses nombreuses parties en interaction. Celle-ci agissant dans un effort «récursif» au sens d’Edgar Morin et dotée d’un but aussi trivial soit-il. « récursif » étant pris ici dans le sens d’une genèse réciproque de ces deux entités par de multiples interactions mutuelles, signe d'une complexité irréductible.Edgar Morin
Ces deux entités complémentaires s’auto-généreraient jusqu’à avoir leur propre existence et leurs propres nécessités. Leur degré d'imbrication et leur dépendance font, que d’une certaine façon, elles ne formeraient qu'un seule vaste entité complexe, à cheval entre le visible et l'invisible, l'observable et l'ineffable.
Pour aller encore plus loin : l'univers observable a sa propre nécessité induite par la mécanique des lois de la physique ; la méta-conscience de l'univers, supposée ici et que je vous demande juste d'imaginer (pour l'instant...), a aussi sa propre nécessité, vraisemblablement uniquement un principe de survie primaire, homéostatique, l’amenant à conduire notre monde-support dans la direction favorisant la pérennisation de son existence.
Le but de l'univers est de trouver son équilibre
La raison de l'univers est alors la raison aussi de ses sous-systèmes cherchant l'équilibre, la raison des espèces et la raison des êtres vivants : trouver un état stable pour s' « auto-pérenniser »: survivre pour survivre. Peu glorieux mais suffisant pour se battre.Notre esprit est lié à notre cerveau, tout comme la méta-conscience est liée à l'univers physique. Dès la naissance notre corps se déploie , se développe puis guidé, de façon consciente ou inconsciente par notre esprit, cherche à survivre.
Cette analogie, extrapolée à l'univers, est encore porteuse de sens.
Cette incommensurable méta-conscience est portée par l’univers dans son ensemble. Cette vision d’une sorte de Volonté, d'un Esprit, méta-conscience de l’univers et n’agissant que pour sa propre survie ne sera pas pour plaire aux plus croyants prônant un ordre moral absolu.
Mais j’essaierais d’étayer un peu plus loin ce que j’avance ici, et pourquoi je suis amener à imaginer et à défendre cette hypothèse. Elle est également une bonne explication non darwinienne de la téléonomie que l'on voit dans l’évolution des espèces et elle est compatible avec l’observation scientifique.
C’est une explication rationnelle crédible que l’on peut trouver au privilège donné à la survie de l’espèce par rapport à celle de l’individu.
Car, effectivement, comment les individus d'un espèce pourraient, de façon synchrone, subir les mêmes mutations, ou se donner des rendez-vous lointains, sans être quelque part un tant soit peu connectés par un lien non physique ?
Le synchronisme
Je me souviens qu'en 2004, en sortant de la maison j'ai trouvé un paysage qui avait totalement changé durant la nuit. Les terrains, les toits des maisons, les zones de végétation étaient devenus jaune ! Tout était tapissé de jaune. En regardant de plus près je vis des nuées d'insectes géants, d'au moins douze centimètres qui recouvraient absolument tout. C'était une invasion de criquets pèlerins, la plus grande des quinze dernières années, qui a recouvert toute la presqu'île de Dakar durant 2 jours, massacrant tout, faisant déraper les voitures et anéantissant tout ce qui était plante, tige, fruit ou feuille. Puis ces « bestioles » sont parties un beau matin, ensemble, « comme un seul homme » ne laissant que ruine et désolation. Qu'elle est cette force qui guidait ces insectes ? Comment communiquent-ils ensemble et arrivent-t-ils à se synchroniser ?Une nuée dévastatrice de criquets pèlerins (photo de l'auteur)
Quelque part, en Grèce, à 25 km de Rhodes , il y a des papillons qui se réunissent sur des arbres gigantesques. Il y a en a tellement qu'ils forment des couches superposées sur de grandes épaisseurs. Ils volètent et atterrissent par grappes entières. Ce phénomène, extraordinaire à voir, disparaît aussi comme il est apparut, sans raison compréhensible par l'homme. Il est difficile de ne pas imaginer que ces animaux arrivent à communiquer par des voies qui nous sont inconnues pour se donner rendez-vous. On peut très bien argumenter que c'est simplement la similitude génétique très forte qu'ils entretiennent qui leur fait faire les mêmes choses aux mêmes moments, ou que la sève des arbres dégagent une odeur particulière qui les attirent tous.
Des millions de papillons Callimorpha quadripunctaria
Mais des exemples comme ceux-ci de synchronisme, le règne animal en « fourmille ». Par exemple on a constaté des mutations génétiques synchrones au sein d'une même espèce, mais dont les individus étaient localisés sur des continents différents.
Cela dit, un extra-terrestre, observant la race humaine un 31 décembre vers minuit verrait des millions de personnes lever leur coupe de champagne de façon synchrone (par fuseau horaire) et pourrait même observer plus d'un milliard de personnes devant sa télé, à la seconde près, tous les 4 ans exactement, retenir leur souffle au coup de sifflet du lancement du match de la finale de la coupe du monde de football ! Là rien d'extraordinaire, car le mass-média de communication nous est connu. Par contre le mystère reste entier quand il n'y a visiblement aucun système de communication matériel possible.
De même, cette vision nous amène à douter du hasard comme seul élément moteur des mutations génétiques. On trouve de temps en temps, dans la littérature, le terme de champs morphogénétiques pour décrire cette conception innovante de l’évolution. Les mutations adaptatives se font à un rythme qui curieusement s'accélère , bien trop rapide pour n'être que le fait du hasard, à moins que l'on regroupe dans le mot "hasard", par ignorance, des lois d'évolution que l'on ne connaît pas.
Mme Pandore et sa boite
Mais là n'est pas mon propos pour l'instant, ce n'était qu'une remarque en passant.
Nous voilà dans la position de Madame Pandore, ayant cédé à la curiosité, et qui ne peut en refermant sa boite y remettre tout ce qui s’en est échappé. Cette boite, c’est les auteurs que j’ai lu qui me l’ont donné, sans le savoir, et je leur en serais toujours reconnaissant.
Mais heureusement, selon l’Illiade, dans cette jarre offerte à Pandore, Zeus en y enfermant les maux de l’humanité, y avait mis aussi L'espérance... Pour tout dire c’est elle que mon insatisfaction m’amène à y chercher actuellement, faisant le grand écart entre science et religion.
Car entre l’absurdité d’un monde allant à vau-l’eau et une promesse hypothétique de paradis, entre la survie féroce et le fatalisme béat, il y a l’équilibre et l’harmonie, le sentiment d’être une partie nécessaire d’un grand tout.
L'Iliade
1 commentaire:
Je vais partitionner mes commentaires , comme cela je donnerai mes commentaires à chaud au fur et à mesure de ma lecture. (si ça vous dérange vous n'aurez qu'a tout rassembler dans le même post ou même tout effacer ce message s'adresse directement à l'auteur donc ...)
Je commence par un commentaire positif, j'adore votre métaphore employé sur le passage "un petit lien trop négligé".
J'ai un commentaire à faire sur "Une petite bulle de liberté possible" :
A mon avis ce n'est pas ici que se situe la solution à ton problème.
On est bien d'accord que deux clones n'ont pas le même esprit ?
Voilà c'est tout concernant ce commentaire.
Sinon je n'ai pas vraiment saisi votre notion d'esprit, si vous voulez dire que ça a un rapport direct avec le monde physique vu que vous faite référence un un organe bien physique, alors je serais entièrement d'accord avec vous.
Je reviendrai toujours à mon exemple des clones.
Je réfléchissais un jour à la méthode d'assouvir un de mes phantasme c'est à dire de vivre éternellement, le clonage m'est venu à l'esprit, et là je pense que se trouve votre réponse, même en réussissant ce clonage je suppose "l'âme" ne sera pas transféré, je veux dire par là que mon clone ne sera pas moi malgrès le fait d'être identique.
Le clonage dont je parle n'est évidement pas celui pratiqué actuellement c'est à dire créer un bébé avec les même gêne mais bien un vrai clonage c'est à dire que même la mémoire des deux clone sera identique au moment du clonage.
"Généralisation du lien causal à l'univers"
Vous n'avancer aucune preuve de bon sens dans cette partie, juste un caprice subjectif.
Pourquoi vouloir créer un monde de la pensée en voulant le calquer sur celui que la science a créé, sur quelles bases ?
Si l'esprit existait il serait sans aucun doute régis par cette lois qu'on appelle l'équilibre, tout à fait d'accord donc (personnellement l'équilibre est mon dieu : )
impressionnante l'invasion de criquets, j'aurai voulu vivre ça. (en fait non)
Mais comme vous le dites vous même ce phénomène est encore incompréhensible pour l'homme.
à mon avis ça doit être une forme de communication, ce n'est sûrement pas pour rien que leur "voix" est aussi portante cumulé à d'autres facteurs.
Le system de communication matériel n'est rien d'autre que les saisons.
Talos
Mon e-mail c'est Burning-will@hotmail.fr au cas ou tu voudrais me contacter.
Je voudrais te remercier pour cette partie de réflexion sinon.
Le monde manque de gens comme vous.
Enregistrer un commentaire