De la causalité esprit-matière...

Bonjour et bienvenue sur ce blog

Si vous refusez comme moi la nécessité scientifique d'un monde absurde ;

Si vous n'acceptez pas que le hasard soit considéré comme une cause agissante ;

Si vous tentez d'imaginer que notre monde (non restreint à l'univers observable) est causal mais que vous tenez aussi à votre libre-arbitre ;

Si vous n’aimez pas faire intervenir de façon trop triviale un Dieu à la volonté insondable pour expliquer ce qui vous échappe ;

Si ce que je vous dis ici vous parle ;

Alors soyez les bienvenus :

nous sommes sur la même longueur d'onde pour tenter d'imaginer, ensemble, autre chose réconciliant ce que nous proposent la science et la religion d'aujourd'hui dans leur opposition manichéenne.


Patrice Weisz

13- La Superforce de l'Univers


L'univers est modelé par une seule grande force..La pointe de la recherche théorique scientifique est en train d'imaginer que toutes les forces déjà formalisées ne sont que les facette d'une seule et même grande force régissant l'évolution de l'Univers.
Cette super-force serait à l'origine du temps, de l'énergie et de toutes les configurations de la matière. De nouvelles théories comme celle de la théorie des supercordes faisant intervenir des dimensions supplémentaires au modèle spatio-temporel relativiste sont sur la voie de cette réunification. La principale difficulté étant d'unifier la relativité générale et la mécanique quantique. La mécanique quantique est par essence indéterministe alors que la relativité est fondamentalement déterministe. C'est un peu comme de vouloir dire que le hasard et la nécessité ne sont qu'un.
Pour cela on remplace les particules élémentaires par des petites cordes vibrantes à différentes longueurs d'ondes, et on ajoute des dimensions enroulées dans l'espace au niveau microscopique pour répondre à d'autres propriétés nécessaires. La petitesse des dimensions enroulées font qu'aux échelles habituelles ces dimensions ne sont pas perceptibles. Cette modification du modèle géométrique habituel est assez représentatif de la façon de procéder en modélisation mathématique, et permet de faire comprendre la différence entre le modèle et le monde des phénomènes. On cherche ici non pas à représenter la réalité mais à en trouver une modélisation mathématique permettant les calculs et qui coincide avec les observations. L'interprétation de ce modèle n'est pas nécessaire pour l'utiliser.
Il ne fait pas de doute qu'un jour prochain la formalisation de cette nouvelle théorie sera effective.
Et enfin on verra une reconnaissance scientifique à l'idée qu'un seul principe est à l'origine de l'évolution du monde. Ce principe sera formulé en langage mathématique et compatible avec les données de l'observation donc fondé sur des critères d'intersubjectivité très forts. Je reprend ici le terme d'intersubjectivité cher à Bernard d'Espagnat car comme cela a été vu précédemment, même la science ne peut parler d'objectivité, par contre elle peut énoncer des principes vérifiables par tous les être humains.

Mais comment penser en un seul concept le hasard et la nécessité, le déterminisme et l'indéterminisme ?
Si comme je l'ai montré précédemment on accepte de sacrifier le principe de causalité physique, alors le hasard et la nécessité ne sont plus deux concepts antagonistes.
Sacrifier le principe de causalité, c'est accepter de dire que tout effet n'est pas l'effet d'une cause antérieur. C'est sortir du cercle vicieux des chaînes de causalité apparentes. C'est accepter que le présent ne soit pas déterminé par le passé.
Tout est là.
C'est accepter l'idée que le temps est défini par un ordonnancement particulier d'évènements se succédant mais sans cause physique les reliant.
C'est accepter que les régularités observées et formalisées (trajectoires des planètes, etc.) trouvent leurs cause dans un ailleurs que celui des phénomènes.
C'est accepter que le lien de causalité apparent entre deux phénomènes, soit en fait le résultat d'une seule et même cause réelle reliant ces phénomènes en dehors du monde sensible, en dehors de la spatio-temporalité humaine.
C'est passer de la temporalité subjective de la cause à l'effet à une sorte de spatialisation extra-dimensionnelle de deux évènements consécutifs ici, engendrés "simultanément" par une cause commune ailleurs.

Le principe de causalité est une vision déterministe du monde, qui est une sorte de projection mentale de l'homme sur les données du sensible, acquise peut-être au cours de l'évolution humaine par sa confrontation avec son environnement macroscopique.
L'oeil humain n'est pas linéaire : il a une sensibilité particulière dans le vert qui constitue les nuances dominantes de son habitat originel. Le darwinisme classique de façon simplifié explique cela par la pression environnementale qui sélectionnne les mutations génétiques de l'individu au seing de l'espèce, jusqu'à garder celles qui sont le mieux adaptées à l'environnement. Cet avantage sélectif se pérennise de façon héréditaire et devient petit à petit une caractéristique de l'espèce.
De la même façon, les modalités de pensée en concepts d'espace et de temps ne sont que des spécificités neurophysiologiques humaines nécessaires pour appréhender son environnement au niveau macroscopique.
Il en est de même pour le principe de causalité : il est aussi naturellement humain que l'espace et le temps, et donc fait partie intégrante de notre représentation mentale du monde.
Mais il n'est pas une caractéristique, une propriété de la matière. La causalité reste d'ailleurs un principe qui n'a jamais été démontré. L'homme invente des modèles et des lois régissant les phénomènes qu'ils perçoit, attribuant au hasard ce qui échappe à son entendement.
Du coup, il découpe la réalité phénoménale en deux, en essayant de s'en approcher le plus possible.

La philosophie classique, la métaphysique, se sont développées à une époque où l'on voyait le monde comme une mécanique déterministe, avec un vaste ensemble de paramètres pas encore connus restant à intégrer.
On projetait une vision continue des dimensions spatiales et temporelles calquées sur les espaces mathématiques abstraits servant pour la modélisation des phénomènes. Depuis la découverte des quantas, il s'avère que l'espace, la matière, l'énergie sont quantifiés par la constante de Plank, et que le temps aussi s'en retrouve quantifié, composé de petites durées inséquables de 10^-43 sec. On ne peut plus parler de continuum.
On ne peut parler désormais que de successions d'états quantiques : on est passé de la continuité des phénomènes à une combinatoire exponentielle de valeurs. On ne peut plus utiliser l'espace vectoriel R des nombres réels, continu et infini non dénombrable pour modéliser la matière, car seules certaines valeurs sont définies.

Ce qui fait qu'aujourd'hui, la mécanique quantique de l'infiniment petit oblige à penser autrement, en paquets d'ondes ou en particules soumises à des lois statistiques. Du coup la causalité classique n'a plus de sens.
Le monde des phénomènes apparait alors comme non complet causalement, la seule causalité d'apparence étant celle que l'homme y met. On ne doit plus y chercher de causalité physique.
En fait il faut penser le monde avec une nécessité extérieure à lui-même, expliquant à la fois le hasard que l'on y voit et les régularités que l'on y formalise. Le hasard c'est l'informé, le non mathématisable, le lieu de la non-causalité apparente. La nécessité n'a plus de sens : elle n'est plus qu'une interprétation approximative mais féconde dans l'explication scientifque.
L'infiniment petit s'exprime en lois probabilistes car le déterminisme causal apparent n'y fonctionne pas.
Le macroscopique s'exprime avec des lois causales car le déterminisme apparent y fonctionne. Or, le phénomène macroscopique est un agrégat gigantesque de particules microscopiques.
D'où vient alors cette perte d'indétermination par changement d'échelle qui transforme le probabiliste en causal ?
Le hasard c'est aussi la loi des grands nombres. Et cette loi dit que sur un très grand nombre de réalisations, le nombre de réalisations d'un évènement donné est quasiment égal à sa probabilité. En d'autres termes bien que le monde des particules soit probabiliste, le nombre de ces particules en jeu dans le macroscopique est tellement grand que leur comportement agrégé parait déterministe. Les aberrations bien que possibles sont rares et imperceptibles. La loi s'applique au troupeau, tant pis pour les brebis égarées, il n'y a pas de comptage à l'arrivée.
Donc il n'y a pas de contradiction.
Le hasard est toujours là, la nécessité apparente aussi.
La distinction du monde entre du hasard et de la nécessité, entre du non-causal et du causal devient donc une vue de l'esprit.
Tous les phénomènes sont non-causaux. Ils ne sont pas dépendants physiquement, ils sont les effets d'une cause commune en dehors du monde de la matière, même s'ils se prêtent localement à des interprétations causales.
En conséquence, la réunification des forces en une seule est possible.

La super-force :Tout comme Einstein a transformé les propriétés de l'interaction gravitationnelles en déformations géométriques de l'espace-temps, on a vue que les théories des supercordes modifiaient aussi la géométrie de l'univers en ajoutant des micro-dimensions enroulées pour remplacer les propriétés de certaines particules. On voit donc que décrire la super-force revient finalement à décrire une géométrie et les déformations qu'elle subie en fonction de configurations énergétiques. En effet, par exemple, la masse qui courbe l'espace relativiste peut aussi se voir comme une énergie (E=mc^2) .La super-force c'est ce qui déforme un substrat informe a-dimentionnel et a-temporel, c'est ce qui plie ce substrat dans une géométrie complexe, hétérogène. La super-force est ce qui dégage des formes, des régularités apparentes, des catastrophes (au sens de René Thom) à partir d'une répartition énergétique.
La super-force est l'explication de la morpho-genèse de notre univers à partir d'un océan de vide énergétique.
L'univers peut alors être pensé comme une géométrie aux circonvolutions multiples et imbriquées, dans laquelle, l'homme essaie de plaquer des modèles mathématiques pour la décrire localement. Les valeurs énergétiques donnent aussi des formes phénoménales appelées matière, dont la nature microscopique est vibratoire.
Les formes ne découlent pas les unes des autres dans le temps, elles sont issues d'un même principe hors du temps qui les modèlent. Et l'homme, dans sa condition humaine d'espace et de temps en appréhende certaines et les relient entre elles par une causalité physico-mathématique apparente qui fonctionne à son échelle de taille et de temps.
Les formes matérielles ne sont pas indépendantes les unes des autres. Elles sont toutes faites du même matériau. Elles ne sont pas vivantes ou mortes, elles sont évolutives. Il n'y a pas d'objets autres que ceux que l'homme y définit. La séparation des corps est vide de sens. Il y a plus ou moins de concentration énergétique en différents points.

La géométrie de l'univers se déforme inlassablement en fonction des variations de concentration énergétique engendrées par l'action de la superforce

Cette géométrie n'a pas de structure exprimable en nombre de dimensions, elle est à la fois fractale et multidimensionnelle. Pourquoi aurait-elle un nombre de dimensions dénombrable ?
Elle peut être à 3 dimensions pour Newton, à 4 dimensions pour la relativité à 10 ou 26 dimensions pour la théorie des cordes. Avec des dimensions fractales pour certains, de nature holographique pour d'autres. Elle peut se voir avec des dimensions enroulées, infinies, etc...
Sa géométrie dépasse totalement l'entendement humain, qui chaque fois qu'il croit l'avoir apprivoisée se pose des problèmes de limite liés aux avatars générés par ses modèles locaux et trop humains.
La notion de dimension est un concept qui s'écrit dans le langage humain de la géométrie que sont les mathématiques. Les mathématiques sont un langage descriptif des formes et de leurs modifications, inventé par l'homme pour transmettre des représentations imaginées par son système neuro-physiologique à partir de son sens de l'espace.
L'homme est une forme, les plantes sont des formes, les galaxies sont des formes, les particules sont des formes. Toutes ces formes apparaissent à l'homme en 3 dimensions peuvent se décrire en 4, mais n'ont pas réellement de dimensions.
Tout se passe comme si l'homme avec un sens intérieur découpant l'étendue dans une spatialité en 3 dimensions. Et comme si le temps était aussi un sens intérieur unidimensionnel lui permettant d'ordonner ses perceptions sensibles et de les stocker en informations mémoriels.
Son oeil voit des couleurs dans une fraction très restreinte du spectre électro-magnétique qui n'est qu'un spectre de fréquence, son système neuro-physiologique perçoit 3 dimensions d'espace dans lesquelles il peut se mouvoir et une dimension temporelle qu'il subit.
Le principe de causalité physique relie l'espace et le temps, dans une vision humaine et restrictive du monde. Il est caractéristique des limitations classiques de l'entendement humain. Son abandon permet de saisir un peu mieux l'univers dans ses dimensions réelles, de le penser de façon plus global.

La superforce fait et défait des formes, crée des singularités locales porteuse de conscience : les hommes. Elle crée aussi des singularités géométriques en siphons aspirants : les trous noirs, donne naissance aux étoiles sources de vie.
C'est la superforce qui fait et défait les mondes, dans un acte spontané créatif ou dans un cycle de perpétuelles transformations.

C'est la superforce qui est cause de toutes les causes apparentes...
La superforce est-elle simplement une force brute et absurde ?


Patrice Weisz

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