De la causalité esprit-matière...

Bonjour et bienvenue sur ce blog

Si vous refusez comme moi la nécessité scientifique d'un monde absurde ;

Si vous n'acceptez pas que le hasard soit considéré comme une cause agissante ;

Si vous tentez d'imaginer que notre monde (non restreint à l'univers observable) est causal mais que vous tenez aussi à votre libre-arbitre ;

Si vous n’aimez pas faire intervenir de façon trop triviale un Dieu à la volonté insondable pour expliquer ce qui vous échappe ;

Si ce que je vous dis ici vous parle ;

Alors soyez les bienvenus :

nous sommes sur la même longueur d'onde pour tenter d'imaginer, ensemble, autre chose réconciliant ce que nous proposent la science et la religion d'aujourd'hui dans leur opposition manichéenne.


Patrice Weisz

10- La causalité hybride


L'indéterminisme induit une causalité en dehors du monde matérielLa causalité dans un monde de matière déterministe U est un lien de U dans U reliant deux évènements A et B (ou deux phénomènes) par une loi systématique définissant l'arrivée de l'évènement B après celle de A. La causalité est une notion à l'origine essentiellement déterministe, qui sous-entend simplement que tout effet a une cause antérieure.
Le principe de causalité depuis l'avènement de l'indéterminisme essentiel de la matière n'est plus un principe strict : l'évènement B a une certaine probabilité de se produire en fonction de la production de l'évènement A.
Cette probabilité définit malgré tout une régularité. Donc il y a une structure reliant A et B à l'origine de cette régularité, mais qu'on ne peut approcher directement.
Abandonner le déterminisme, c'est introduire le hasard comme cause possible. Mais le hasard ne peut être une cause physique, il n'est ni matière ni énergie, ce n'est pas une force, c'est simplement une inconnue probabiliste mathématique issue de l'incertitude des équations fondant la physique des quantas, et résultant de l'impossibilité d'obtenir simultanément toutes les propriétés décrivant les particules élémentaires.
Ce qui fait que si causalité il y a, c'est à dire si on observe une forme de régularité liant deux évènements corrélés dans l'espace-temps permettant d'en dégager une loi, cette causalité vient d'ailleurs. Einstein pensait que le hasard venait de variables cachées mais des expériences récentes lui ont donné tord. La physique quantique a permis de démontrer que ces variables n'existaient pas et du même coup, la vision quantique qui en résulte conduit soit à abandonner le principe de causalité, soit à placer la causalité nécessairement ailleurs.
Abandonner le principe de causalité "physique" c'est remettre en cause le fondement même des lois de la physique existantes, de la preuve expérimentale, et de tout discours logique portant sur le monde des phénomènes.
Donc il ne reste que l'alternative de placer la causalité ailleurs. Du coup la causalité n'est plus nécessairement une causalité de phénomènes physiques sur des phénomènes physiques (U->U) ; mais autorise une cause non physique mais réelle ayant un effet physique comme nous allons le voir.

En effet :
Si on dit de deux évènements distincts spatialement qu'ils sont liés causalement, alors cela suppose l'antériorité de la cause sur l'effet depuis la découverte de la vitesse limite de la lumière.

A ce niveau de raisonnement, on est encore obligé de se poser la question de savoir si cela a un sens de parler de causalité du monde, maintenant que nous l'avons poussée dans ses derniers retranchements ou si ce n'est pas simplement une sorte de vue de l'esprit.
Prenons un exemple :
Kepler en étudiant les planètes en a découvert les lois sur leurs trajectoires autour du soleil. Il lui a fallut 3 ans de calculs manuels à l'époque. Une fois ses calculs finis il a mis ses prévisions de trajectoires elliptiques à l'épreuve des observations et les a vérifiées totalement. Des siècles après, ses lois (loi des aires) restent valables dans un contexte déterministe.
Il a donc trouvé une relation de causalité existant entre le mouvement des planètes et l'attraction du Soleil. Est-ce simplement une vue de l'esprit, c'est à dire que la régularité apparente des trajectoires n'a rien à voir avec la rotation engendrée par l'attraction solaire, que tout n'est que corrélation apparente dont l'esprit humain sort des lois ? Ou bien cela correspond-il a quelque chose de profond ?
Les résultats de Kepler peuvent de plus être retrouvés avec la mécanique newtonienne ou avec la relativité générale et donc avec d'autres équations prédisant les mêmes résultats.
Mais si on va dans le détail et que l'on prend en considération l'intéraction des autres corps célestes, on se rend compte que les planètes ne repassent jamais exactement aux mêmes points tous les ans. C'est le problème classique de l'indétermination des trajectoires de 3 corps.
On se rend compte également que l'on a affaire là à des équations instables (théorie du chaos) qui sont toujours déterministes, mais dont les résultats de Kepler n'étaient que des approximations. On ne peut prédire exactement d'une année à l'autre la position des corps célestes, et cela même avec des mesures extrêmement précises de leurs positions actuelles. Pour autant les fluctuations restent de faible amplitude. Donc d'un certain point de vue il y a régularité, d'un autre point de vue plus précis, cette régularité disparait.
Néanmoins les planètes sont en rotation depuis des milliards d'années autour du Soleil.
Ce qui malgré tout contribue à faire penser que la causalité n'est pas simplement une vue de l'esprit humain, mais correspond à une relation réelle entre les corps, traduite imparfaitement par les équations mathématiques. Mais s'il y a causalité il devrait n'y avoir ni probabilité ou incertitude. Car le principe de causalité sous-entend aussi que les mêmes cause engendrent les mêmes effets. Or la position constatée étant différente de la position prévue, on ne peut affirmer que la causalité déterministe telle que celle décrite dans les équations ait un sens.
On pourrait dire alors que la causalité déterministe est un principe d'ordre psychologique mais non physique. Et pourtant la science passe son temps à chercher des causes et des lois mathématiques permettant de les relier.
Les scientifiques passent-ils leurs temps à voir des têtes d'animaux dessinés par la forme des nuages quand ils observent le monde ? La loi trouvée est-elle uniquement cet forme d'animal pensé par l'homme et projeté sur la réalité sensible qui n'est qu'une sorte de nuage informe ? Dans ce cas la causalité est vide de sens.
Ou plutôt n'y -at-il pas une réalité un tant soit peu structurée provoquant des formes matérielles sur lesquelles l'esprit humain redécoupe avec plus ou moins de bonheur d'autres formes ? L'esprit humain est à l'affut des régularités et essaie d'y plaquer un fonctionnement causal se traduisant par une intéraction physique se propageant entre deux événements. Mais cela ne marche qu'en première approximation. La causalité "physique" est un principe qui est majoritairement contredit dans les faits. Donc soit on postule que le monde est sans causalité, soit on postule une causalité extérieure au monde physique, réelle, mais non modélisable strictement en termes mathématiques.
L'hypothèse de la négation d'une causalité réelle est difficile à suivre et va en sens contraire de la démarche scientifique.
En effet si la causalité n'est pas réelle mais qu'apparente, cela veut dire :
Ce qui dans le présent arrive n'est pas lié d'une façon ou d'une autre au passé, qu'il n'y a aucune détermination au moins partielle du présent en fonction du passé.
Les configurations matérielles de l'univers se succèdent donc sans lien entre eux, en des instants indépendants.
Cela remet donc en cause la notion même de mouvement d'un objet qui suppose une forme de continuité formalisable d'un déplacement en fonction du temps. Et si le mouvement ne peut être défini, l'accélération qui s'en dérive non plus. Et donc l'équation fondamentale de la dynamique de Newton non plus. Et donc la physique classique se retrouve sans aucun fondement.
De plus toute la relativité qui est la physique déterministe moderne est basée sur la vitesse de la lumière, c'est à dire du mouvement des photons dans l'espace. Sans notion de mouvement on ne peut plus parler de vitesse et donc cela retire aussi le bien fondé du postulat fondamentale de la relativité.
De la même façon, prenons le point de vue indéterministe :
La discontinuité du temps a déjà été évoquée par Planck : selon sa démonstration le temps serait quantifié tout comme la matière et progresserait également par petits bonds quantiques dont la durée serait le temps mis par la lumière pour parcourir la plus petite unité de distance que l'on peut définir, qui elle-même est liée à sa constante h. On retrouve donc encore, ici un lien entre une vitesse c, une distance h et un temps (Tp= temps de Plank soit 10^-43s), ce qui est la définition même du mouvement.
De plus, le principe d'incertitude d'Heisenberg qui fonde toute la physique quantique revient à dire d'un point de vue classique que l'on ne peut connaitre de façon certaine la position d'une particule et sa vitesse. Si on nie le mouvement, car on nie toute causalité, on ne peut alors parler de vitesse et donc on doit renoncer à la vision corpusculaire de la matière en faveur de sa nature purement ondulatoire.
Or la dualité onde-corpuscule est aussi l'un des fondements de la physique quantique confirmée par de nombreuses expériences. Cette dualité est aussi un concept de transition entre la physique déterministe et celle de l'indéterminisme, cette dualité a peut-être fait long feu et doit être abandonnée aujourd'hui. Donc on en arrive a une vision purement ondulatoire de l'univers de la matière. "Tout n'est que vibration" comme le disait Louis de Broglie. Ce qui enlève effectivement tout déplacement de particule au profit d'une propagation de forme ondulatoire.
Il n'y a donc plus mouvement au sens classique du terme. Il reste néanmoins une sorte de propagation de formes. La voiture ne se déplace pas : C'est une onde complexe ayant l'apparence d'une voiture qui se propage, donnant une illusion apparente de mouvement.
Donc la vision quantique est compatible avec l'élimination du mouvement, conséquence directe de l'élimination de la causalité au sens classique.
Il reste donc une sorte de substrat qui se déforme de proche en proche sous l'influence d'une onde énergétique. De la même façon quand je me fais transporter par cette voiture, en fait mon corps ne se déplace pas, c'est une onde ayant forme humaine qui se propage sans altérer sa structure de départ.
La seule question restant est donc de savoir s'il y a réellement forme de la voiture ou si c'est l'esprit humain qui dans ce substrat ondulatoire découpe des formes. Or, supposons que je tente de traverser la rue et que je me fasse écraser par une voiture venant par derrière. Peut-on dire alors que la forme de la voiture n'est qu'une illusion de l'esprit, alors que je n'ai pu l'anticiper ? Certainement pas.
On peut éliminer la causalité classique, mais on ne peut faire résider non plus la causalité uniquement dans l'esprit humain. L'esprit humain peut voir des formes là ou il n'y a rien mais ne peut ignorer que des formes existent en dehors de toute pensée humaine.
Donc ces formes sont issues de quelque part.
S'il y a ondulation indéterministe il y a nécessairement une cause extérieure à l'homme à cette ondulation. Cette évolution de l'apparence phénoménale des formes n'est peut-être pas prévisible, ce n'est pas pour autant qu'elle n'a pas de cause.

Donc remettre en cause l'existence de la causalité de par la nature indéterministe de la matière au niveau microscopique implique forcément également la remise en cause de tout déterminisme macroscopique, mais ne peut enlever la recherche d'une cause extérieure, indépendante de l'esprit humain, et non contenue dans l'univers matériel.
On pourrait dire que les phénomènes causaux déterministes sont une vue de l'esprit se rapprochant de la notion de continuité en mathématique caractérisant le fonctionnement de l'esprit humain et lui permettant de rendre la réalité extérieure macroscopique compréhensible. Que le découpage de la matière en agrégats de formes corpusculaires en mouvement est également un héritage psychologique millénaire issu de la notion d'atome.
Ce n'est pas une raison suffisante pour que toutes les formes perçues soient illusoires. Des formes sont là puisqu'il y a des régularités structurant le monde des phénomènes, et que ces formes intéragissent avec notre perception de façon imprévisible, ôtant par là même toute consistance à l'existence d'une réalité de formes qui serait uniquement subjectives.
Les théories soliptiques induisent une monde abstrait mais implicitement déterministe car issu du fonctionnement de l'esprit humain.
L'introduction du hasard c'est aussi par définition la reconnaissance ontologique d'une réalité extérieure à l'homme, d'une réalité phénomènale non totalement appréhendable. Mais c'est aussi l'impossibilité d'y trouver une causalité déterministe et donc la nécessité d'en rechercher une causalité extérieure, extérieure à l'homme mais aussi extérieure au monde de la matière.

Il y a donc donc nécessairement un fond de causalité réelle dans notre monde. Ce qui ne veut pas dire une fois de plus que l'homme n'a pas propension à y déceler des liens de causalité qui n'y sont pas, ni que tous les liens réels lui sont saisissables.

En conséquence, une fois le doute retiré de l'existence de la causalité en tant que projection purement psychologique, il reste la réalité ici démontrée d'une causalité des phénomènes dont les causes sont nécesssairement situées ailleurs.
Cet ailleurs est le monde U* situé en dehors de notre espace-temps en dehors donc du monde U des phénomènes constitués de matière et de lois indéterministes.
Il y a donc bien une dualité irréductible composée de U et de son dual U*.
Il y a également en conséquence un lien de causalité hybride de U* dans U.

Donc il y a alors uniquement deux cas possibles expliquant la causalité entre deux phénomènes :

1er cas : Les deux évènements sont l'effet, chacun, de deux causes situées ailleurs en dehors du monde de la matière (U) , dans un monde dual (U*) , dans lequel, elles-mêmes sont reliées par un lien de causalité. Ce qui fait 3 liens de causalité : U <-u data-blogger-escaped-u="">U*,U*->U. Le lien U*->U* est forcément déterministe par construction afin d'avoir une causalité réelle. S'il ne l'était pas, on n'expliquerait rien ici et on serait obligé de rechercher la causalité dans un autre ailleurs.

2e cas : ils sont les effets, tous deux, d'une même cause agissante sur eux. On a ainsi 2 liens de causalité : U<-u>U. Une seule cause réelle, engendrant 2 phénomènes observables reliés entre eux, dont la causalité déterministe ne peut être forcément prouvée. C'est sûrement le cas de l'expérience des photons intriqués, des expériences de non-séparabilité de la matière, etc..qui mettent en évidence une relation entre deux phénomènes observés mais dont la nature de la relation ne parait pas être celle d'un lien causal au sens déterministe.

L'hypothèse de la chaine causale du 1er cas revient à reconstruire un monde U* déterministe en dehors du monde indéterministe U de la matière, dans une parfaite bijection des évènements. Car le lien U*->U* est exactement celui que serait le lien causal de U ->U, si U était déterministe.
En effet, le lien U*->U* est déterministe par construction. L'indétermination de U devient alors uniquement une indétermination de mesure mais non essentielle puisqu'il y aurait un monde réel sous-jacent déterministe soumis aux mêmes lois que U. On se retrouve donc dans le cas de l'hypothèse des variables cachées qui a été infirmée par les expériences du type de celle d'Alain Aspect. C'est la vision du monde pour laquelle Einstein s'est battu en vain. Le monde nous parait indéterministe mais en fait il est déterministe mais ce déterminisme n'est pas accessible à l'observation ni à la formalisation des phénomènes observés. Ce combat est révolu et donc on peut exclure ce 1er cas.

Il reste donc le 2e cas : U<-u>U , comme seul cas possible.
Il y a donc une cause unique réelle dans U* à deux évènements reliés dans U.
Or les deux évènements sont distincts spatialement et temporellement dans U, ce qui fait que la cause dans U* agit à la fois à des endroits différents et à des moments différents dans U. Ce qui fait que cette cause n'est ni dans l'espace ni dans le temps de U. Or U est notre espace-temps. Donc U* est nécessairement en dehors de notre espace-temps. Donc il y a un monde U* non matériel, situé en dehors de l'espace-temps indéterministe U.
Quand deux évènements apparaissent être reliés causalement, c'est qu'ils sont eux-mêmes les effets d'une cause unique située en dehors du monde de la matière.

Le lien U*->U est un lien causal "hybride" non soumis à la contrainte de la distance et de la durée. Il est d'une autre nature que celle de la causalité matérielle du monde déterministe existant entre deux évènements A et B. Il est aussi d'un autre nature que la pseudo-causalité matérielle probabiliste existant dans un monde indéterministe. Il est ce qui permet à cette pseudo-causalité matérielle probabiliste d'exister.
Ce lien U*->U relie un cause non matérielle réelle non accessible à un ou plusieurs évènements matériels observables.

En conclusion : notre monde est dual ; certaines causes sont non matérielles mais réelles. Ces causes sont à l'origine de l'apparition de régularités dans le monde.

Patrice Weisz

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