De la causalité esprit-matière...

Bonjour et bienvenue sur ce blog

Si vous refusez comme moi la nécessité scientifique d'un monde absurde ;

Si vous n'acceptez pas que le hasard soit considéré comme une cause agissante ;

Si vous tentez d'imaginer que notre monde (non restreint à l'univers observable) est causal mais que vous tenez aussi à votre libre-arbitre ;

Si vous n’aimez pas faire intervenir de façon trop triviale un Dieu à la volonté insondable pour expliquer ce qui vous échappe ;

Si ce que je vous dis ici vous parle ;

Alors soyez les bienvenus :

nous sommes sur la même longueur d'onde pour tenter d'imaginer, ensemble, autre chose réconciliant ce que nous proposent la science et la religion d'aujourd'hui dans leur opposition manichéenne.


Patrice Weisz

23- Pourquoi y a-t-il quelque chose ?


Pourquoi le monde existe ?
Pourquoi l'étant et non le néant ?
Pourquoi la matière et non pas que le vide ?
La science tente de répondre au "Comment ?", mais jamais au "Pourquoi ?".
Répondre au "Pourquoi ?" ce n'est pas de la physique, c'est de la métaphysique. La science observe des phénomènes, et y trouve des relations, des causes explicatives. Le potentiel de la combinatoire du langage mathématique étant aussi vaste que celui du langage commun, il y a toujours moyen de trouver des phrases (équations) mathématiques pour exprimer le fonctionnement apparent du monde. Les mathématiques permettent de formuler des mondes qui n'existent pas, tout comme le langage poétique permet d'évoquer des images surréalistes. Certaines des propositions mathématiques du monde sont réalistes, c'est à dire tentent de coller à la réalité observée, tout comme le réalisme poétique ou pictural tente de minimiser les interprétations subjectives. Ce qui a poussé Eistein a dire :
" la chose la plus incompréhensible du monde, c'est que le monde soit compréhensible"
Ainsi la science dans une auto-satisfaction permanente croit saisir le monde dans son infinie complexité, à la lumière de nouvelles théories se succédant, sortant progressivement de l'ombre les phénomènes inexpliqués. Et dans la cohérence de sa logique interne fait intervenir le hasard là où son langage s'avère inadapté à cerner l'origine exacte du phénomène.
La science se retrouve ainsi expliquant tout dans un dosage équilibré de causalité et d'aléatoire savant.
Du coup les scientifiques, forts d'équations opérationnelles mises à l'épreuve de l'observation deviennent dans une forme d'hermétisme digne de la médecine de Molière, les gourous des temps modernes. Et le commun des mortels, non rompu à la gymnastique mathématique, ne peut que s'extasier devant ces intelligences brillantes, voire se soumettre aux interprétations les plus osées d'équations vides de sens.
Ainsi le scientifique moderne, devient métaphysicien dans sa nécessité de réponse à tout, oubliant presque que la physique est fondée sur des principes non démontrés et les mathématiques sur des conventions axiomatiques.
La philosophie, ancrée dans la tradition des grands penseurs d'une autre époque, peine à trouver des réponses aux découvertes de plus en plus nombreuses, appuyée sur une sensibilité d'un autre temps.
La religion, figée dans son incontournable fidélité aux textes sacrés d'un autre millénaire peine également à interprêter ou même à contredire la cosmologie qui se dessine insidieusement aujourd'hui à coup d'intégrales, de dérivées et de probabilités.
Ce qui laisse la place à l'avènement de plus en plus prononcé de la croyance matérialiste, qui se retrouve ainsi promue le seul oracle crédible, alors que déjà auto-fondée par ses propres lois.
Et ainsi la science démontre l'origine de l'univers, parle de son évolution et de fin du monde, simplement en déroulant ses équations selon l'axe temporel.
L'amalgame est alors fait entre les phénomènes observés et la réalité du monde. Le monde est réduit à un ensemble d'observations articulées par des lois mathématiques. Et du coup, la spiritualité, la conscience, l'Etre, n'ayant pas d'étendues mesurables en sont vidés de toute substance.
Et la métaphysique devient de la physique.
Et les questions philosophiques essentielles en deviennent des problèmes mathématiques à résoudre. Ce qui fait que les scientifiques, dans cet anéantissement du sens, se retrouvent en terrain connu, et donc peuvent tenter d'y répondre, oubliant en cours de route les limites de l'objet de leurs études. Dans cette réduction qualitative, ils s'attaquent alors aux "pourquoi ?".
C'est ainsi qu'il peuvent répondre à la question fondamentale de toute la métaphysique :
Pourquoi y a-t-il quelque chose et non pas rien ?
En termes scientifiques cela devient : Pourquoi l'univers existe ?
Et la réponse en devient : parce que l'homme est là pour l'observer.
C'est le principe anthropique faible que nous avons déjà rencontré.
La première interprétation que l'on peut en faire est :
S'il n'y avait pas d'homme pour observer l'univers, alors la question ne se poserait pas. C'est parce que l'homme observe l'univers qu'il se pose cette question qui est un questionnement humain. Si l'univers existait sans l'homme, cette question ne serait pas formulée par l'homme.
Mais cette réponse scientifique, dans son bouclage paradoxal qui défie la logique, ne tient pas longtemps à l'analyse. Car dans les théories scientifiques modernes, l'univers a existé avant l'homme et existera après l'homme. Ce qui fait que cela ne répond à rien, car l'univers existe indépendamment de l'homme et de toute interrogation humaine.
Donc on ne peut que passer à une deuxième interprétation :
C'est parcequ'il faut que l'homme qui se pose cette question puisse y exister. Alors dans les lois qui découlent de l'organisation de la matière, les paramètres permettant l'avènement de la race humaine doivent être intégrer.
Dans toutes les formulations possibles de modèles mathématiques d'univers, il y a des constantes dont les valeurs sont issues de l'observation. Ces constantes ne découlent d'aucun calcul possible. Ces constantes (comme la vitesse de la lumière, la constante de Planck, etc..) ne peuvent qu'être constatées. Si on change leurs valeurs, alors l'organisation de la matière, la transformation d'énergie en masse, se déroulent différemment et ne peuvent déboucher sur un règne vivant, et donc sur l'homme. Ce qui fait que la question fondamentale de la métaphysique devient cause nécessaire à la cosmologie matérialiste.
La nécessité logique de devoir discriminer un modèle d'univers par rapport à tous les possibles trouve sa réponse dans l'homme. Ce qui est remarquable c'est que de façon plus fine, cette réponse se trouve dans l'émergence de la conscience humaine. car il faut nécessairement une conscience aboutie pour se poser cette question métaphysique.
Donc toute la cosmologie scientifique se retrouve ainsi étayée par ce qui lui échappe le plus, la conscience.
L'organisation de la matière est ainsi fondée logiquement par l'existence de l'esprit.
Ce qui justifie les conditions initiales du passé de l'univers, se retrouve dans son présent.
La cause qui fixe dans le passé lointain les paramètres d'évolution de l'univers se situe 15 Milliards d'années après.
La contingence observée des constantes a une causalité finaliste.
Dans la théorie du Big-Bang, l'énergie en se refroidissant par le phénomène de l'expansion, se condense en matière, et prend des valeurs de masse (électron, proton, etc..) qui ne trouvent leur justification que dans la création 15 milliards d'années après, d'un environnement propice à l'émergence de la conscience humaine. La cause est donc l'homme, l'effet est les valeurs des constantes fondamentales intiales.
La théorie indéterministe stipule que des millards de milliards d'univers se sont succédés jusqu'à tomber sur les valeurs nécessaires à la vie. Et donc nous trouvons là cet univers, créé par hasard comme étant propice à la vie humaine.
Une autre théorie stipule que toute la combinatoire infinie de toutes les valeurs possibles génère une infinité d'univers parallèles, qui existent dans un même temps mais sur des plans différents, et que nous nous trouvons dans celui permettant notre existence, d'autres, sans vie continuant leur évolution simultanément.
Enfin une dernière interprétation possible est la version forte du principe anthropique :
Les valeurs fondamentales de l'univers sont déterminées pour l'avènement de la conscience, sans que cette émergence soit le fruit du hasard, mais d'une détermination spirituelle de l'univers.
La finalité observée est donc dans ce cas un principe de fonctionnement du monde et non une illusion issue d'une combinaison infiniment improbable mais favorable.
L'univers évolue en se structurant pour l'émergence de la conscience, qui en devient un principe physique à part entière, et non une apparence.
Ce principe, ainsi énoncé dans sa version forte devient alors le seul principe nécessaire pour fonder toute la physique, se substituant à tous les autres principes découlant logiquement de celui-ci.
Il élimine le hasard, il élimine le principe de moindre action et le principe de la préservation d'énergie. La physique en devient plus belle car plus simple.
Les scientifiques ayant toujours donné la préférence aux théories les mieux fondées devraient par pur logique s'y ranger en oubliant leur à priori matérialiste, afin d'adopter cet unique constat d'une puissance explicative inégalée.
Pour revenir à la question intiale,
Le pourquoi de l'existence de ce tout contenant l'homme devient une nécessité spirituelle.
Néanmoins le pourquoi d'un tout contenant l'homme plutôt que rien du tout reste posé, et restera posé tant qu'une conscience, nécessaire ou fortuite, pourra poser un "pourquoi ?".

Patrice Weisz

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