De la causalité esprit-matière...

Bonjour et bienvenue sur ce blog

Si vous refusez comme moi la nécessité scientifique d'un monde absurde ;

Si vous n'acceptez pas que le hasard soit considéré comme une cause agissante ;

Si vous tentez d'imaginer que notre monde (non restreint à l'univers observable) est causal mais que vous tenez aussi à votre libre-arbitre ;

Si vous n’aimez pas faire intervenir de façon trop triviale un Dieu à la volonté insondable pour expliquer ce qui vous échappe ;

Si ce que je vous dis ici vous parle ;

Alors soyez les bienvenus :

nous sommes sur la même longueur d'onde pour tenter d'imaginer, ensemble, autre chose réconciliant ce que nous proposent la science et la religion d'aujourd'hui dans leur opposition manichéenne.


Patrice Weisz

18- La dialectique des contraires


Le hasard a-t-il une cause ?
Dans toutes les représentations du monde, l'homme en arrive toujours à le découper en deux. C'est la dialectique des contraires chère à Hegel, c'est l'intérieur-extérieur, ying et yang, hasard et nécessité, vide et matière, être et néant, ici et au-delà, etc..Cette dichotomie de pensée, qui prend peut-être sa source inconsciente dans une vision homme-femme freudienne du monde, fonctionne à tous les coups.
Si mon système explicatif englobe à la fois une chose et son contraire, je ne peux qu'avoir l'illusion d'avoir raison dans tous les cas. Mais je me retrouve dans une vision gödélienne du monde à savoir que le système ainsi posé est forcément inconsistant. C'est à dire que par construction, je peux prouver qu'une proposition à l'intérieur de ce système est vraie et je peux aussi prouver qu'elle est fausse. Donc je ne prouve rien en définitive.
De la même façon, hélas, si je n'englobe pas une chose et son contraire, alors je serais face,
à des propositions indécidables, c'est à dire à des propositions dont on ne peut pas dire si elles sont vraies ou si elles sont fausses, je serais dans un système explicatif incomplet, nécessitant d'y ajouter autre chose pour pouvoir trancher.
Ce raisonnement issu des Théorèmes de Gödel, s'applique aux systèmes les plus rigoureux. Il est la faille de toute théorie mathématique. Il s'applique à tous les systèmes de pensée suffisamment élaborés pour pouvoir parler d'eux-mêmes. Si un système peux parler de lui-même, alors d'une façon ou d'une autre, il est possible, à l'intérieur, de construire l'expression paradoxale : "je suis un menteur" qui ne peut être vrai ni ne peut être fausse, "je" étant le système lui-même.
Ce paradoxe de l'auto-référence est donc la limite également de toute vision moniste du monde.
Un système philosophique moniste comme le matérialisme ne peut contenir en lui la preuve qu'il est vrai, et donc ne peut l'affirmer, puisqu'il prône deux contraires : le hasard et la nécessité.
Le hasard étant l'absence de cause et la nécessité, le causal.

Le matérialisme dit donc en clair :
Le monde est issu du causal et du non causal.
Donc il y a des choses qui ont une cause et d'autres qui n'en n'ont pas.
Il ne dit rien donc puisqu'il veut tout dire et donc peut dire n'importe quoi.
Mais il ne peut du coup affirmer lui-même qu'il est vrai.
Et il ne peut répondre que non à la question "Le hasard a-t-il une cause ?"
Car cela revient à poser la question : "Ce qui n'a pas de cause a -t-il une cause ?"
Et je ne peux me satisfaire du non en guise de réponse, car mon entendement est causal est nécessite une cause en tout, sinon je ne serais pas homme.
Pour être plus clair, d'un point de vue formel, La vérité du matérialisme ne peut se décider qu'à un niveau extérieur au matérialisme.
En conséquence, il faut sortir du matérialisme pour parler du matérialisme. Et donc il faut nécessairement englober le matérialisme dans un système de pensée plus global qui ne pas être que matérialiste. Il faut donc un point de vue au-dessus du matérialisme, il faut se situer dans un méta-niveau par rapport au matérialisme. D'où l'insuffisance du matérialisme à expliquer le monde, car il ne peut se fonder lui-même comme vrai.
C'est ce que j'appellerais la preuve "formelle" de l'insuffisance du matérialisme comme système cosmologique.
Quel point de vue peut-on tenir pour parler alors du matérialisme ?
Si on reprend la dialectique des contraires, il faut donc lui associer son opposé, l'idéalisme, le spiritualisme : "tout n'est qu'esprit".
Et donc le système englobant en devient nécessairement dualiste.
Ce qui règle "formellement" le problème de l'inconsistance du matérialisme.
Mais le même raisonnement formel peut donc s'appliquer à nouveau au dualisme, nécessitant un méta-niveau pour le fonder. C'est possible. En tout cas ca règle le cas du matérialisme et au passage celui de l'idéalisme, ce qui n'est déjà pas si mal en attendant mieux.
Je me retrouve donc dans un système dans lequel je dis :
tout est matière ou esprit
équivalent à :
tout est matière ou non-matière
qui me parait plus proche de ma propre dualité esprit-corps et moins abstrait que "hasard et nécessité". Ce système permet donc de parler du matérialisme et du hasard.
Les questions ne sont plus les mêmes : "la non-matière est-elle de la matière ?"
Je réponds alors non, mais cela ne choque plus mon esprit, car je n'y vois plus d'insuffisance, mon esprit ne nécessitant pas que tout soit de la matière.
Maintenant reprenons la question " Le hasard a-t-il une cause ?", qui est la question dont la réponse ne peut se trouver à l'intérieur du matérialisme.

J'y répondrais en faisant une synthèse des textes précédents :
Oui le hasard a une cause.
L'absence de cause a une cause : c'est l'en-dehors de l'entendement humain causal.
Cette cause n'est pas physique, elle est neuro-physiologique.
Le concept du hasard est ce que l'entendement humain ne peut interpréter d'une façon causale.
Le hasard n'appartient pas à la réalité du monde, c'est un concept, c'est le nom que l'on donne aux phénomènes sans explication.
De la même façon je peux me poser la question : la nécessité a-t-elle une cause ?
Et là aussi je peux répondre oui, car la réponse est en dehors du matérialisme.
La nécessité est ce que l'entendement humain peut appréhender.
La nécessité est la causalité apparente du monde perçue par l'homme.
C'est donc une fois de plus :
Ce que l'homme comprend, il l'appelle nécessité.
Ce que l'homme ne comprend pas il l'appelle hasard.
Donc il n'y de différence entre la nature des phénomènes que dans le regard de l'homme.
Mais il y a quand même phénomène, donc il y a nécessairement une cause indépendante du regard de l'homme à ces phénomènes, sinon aucune apparence de causalité ne pourrait s'en dégager, aucunes régularités ne tenteraient l'homme d'y trouver des relations. De plus ces relations sont testables, observables, laissent une empreinte dans le temps, ne dépendent pas que de l'instant, sont liées au passé.
Il faut donc quelque chose en dehors pour pouvoir voir quelque chose en-dedans.
D'où la nécessité d'un au-dehors au monde la matière, que j'appellerais monde réel.
Dans un texte précédent, celui du temps subjectif, j'avais montré la spatialisation du temps, c'est à dire que le temps pouvait être vu comme une dimension spatiale, ce qui ne choque aucun scientifique, et qui est le principe même de la relativité.
J'ai montré aussi comment une forme de dimension supérieure à 3, appelons la l'hyperforme , appartenant au monde réel, pouvait apparaître comme une forme évoluant dans le temps, au fur et à mesure que notre univers tri-dimensionnel la parcourait. Appelons l'apparition d'une forme un évènement.
Et bien la causalité apparente reliant deux évènements peut s'expliquer par le fait que ces deux évènements ne sont que les intersections (apparitions phénoménales) à des moments différents d'une seule et même hyperforme réelle.

Il y a donc possibilité d'une cause réelle extérieure au monde des phénomènes, y créant une régularité telle que l'entendement humain peut y trouver de la causalité et donc y appliquer des lois physiques.
Prenons l'exemple de la Terre tournant autour du Soleil, en se plaçant d'un point de vue déterministe, pour simplifier et sans que cela soit abusif dans la mesure où ces deux corps célestes sont macroscopiques. Si on visualise le temps comme une dimension spatiale, le soleil se visualise comme un tube "extrudé" dont la section est son diamètre, et la terre comme un autre tube décrivant une spirale enroulée autour de ce tube ayant la forme d'un ressort. On peut aisément se figurer ces deux "objets" tri-dimensionnels.
Il me semble d'ailleurs que :
Tout mouvement continu d'un objet dans un espace-temps déterministe définit une hyper-forme immobile en 4 dimensions, dont cet objet est l'intersection en 3D.
J'en suis pas absolument certain mais ça parait logique.
On a donc ici deux objets immobiles l'un par rapport à l'autre. Kepler ne pouvant connaître la forme de ces objets a calculé ses fameuses "lois de aires", décrivant l'orbite de la Terre autour du Soleil en fonction du temps.
Mais si on voyait le temps comme de l'espace, la relation entre ces deux "objets" immobiles entre eux serait triviale, l'un étant "posé" au centre de l'autre. Le mouvement de la terre n'étant plus alors que le balayage effectué le long des spirales du ressort.
Dans cette représentation, il n'y a plus ni vitesse ni accélération, les deux revenant à des degrés d'inclinaison du tube par rapport à l'axe du temps spatialisé..
Maintenant imaginons dans cet espace un anneau vertical. Il va apparaitre comme deux objets distincts pour l'homme alors que ce n'est qu'un seul et même objet qui coupe l'espace tri-dimensionnel en deux endroits. Ces deux intersections dans l'espace-temps donneront par exemple deux corps célestes s'éloignant et se rapprochant jusqu'à se fondre.
Il y a encore relation de causalité.
Maintenant imaginons une petit sphère dans notre espace 4D, elle apparaitra miraculeusment puis disparaitra une fois le plan 3D l'ayant balayé. C'est un évènement aléatoire, hasardeux pour l'homme. On ne peut le prédire, on le voit apparaitre puis disparaitre. Mais en fait il était déjà là.
Il est dans le futur de l'observateur, donc en dehors de sa sphère de causalité. Donc il apparait par hasard pour l'homme, mais est pourtant déjà déterminée en 4D.
Je vous laisse imaginez ce qui se passe si cette sphère grossit. Ou si elle se déplace, en supposant que j'ajoute à ce moment une 5e dimension temporelle pour permettre son mouvement.
Il me semble que l'on peut rebatir une géométrie complète à ce niveau et en déduire les phénomènes visibles au niveau inférieur.
Je ne pousserais pas plus loin les exemples.
On peut donc voir le monde matériel comme un espace temps avec un hasard engendré par notre vision non spatiale du temps. Ou comme un monde sans hasard déjà déterminé, immobile. Ou comme un monde possédant déjà des formes déterminées déjà là, mais dans lequel la mobilité d'autres formes est possible.
Ou comme un monde de dimensions imbriquées avec des hyperformes de dimensions supérieures peut-être très simples mais dont l'examen incontournable en espace-temps fait apparaitre une complexité infinie, etc..

J'ai donc repoussé la causalité réelle en dehors du monde matériel, tout en éliminant le hasard.
Il restera donc toujours la nécessité humaine d'expliquer l'origine de ces causalités réelles.
Cette fois ce type de causalité n'est pas celui d'une cause antérieure à l'effet mais celui d'une cause simultanée à l'effet, car le "au-dehors" est a-temporel.
C'est celle du pile et du face. Le côté face étant le phénoménal spatio-temporel, le côté pile étant le réel.
Ce n'est plus la question du "Comment" du monde mais du "Pourquoi" du monde.
Dans ce "Pourquoi", c'est à dire : pourquoi le monde existe ? Je crois que la seule bonne réponse est effectivement le principe anthropique.
Le principe anthropique répond plutôt à la question : Pourquoi ce monde-ci existe ?
La réponse étant : parce que nous somme là pour l'observer.
Cette réponse demande un réel approfondissement qui sera pour bientôt...

Patrice Weisz

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