De la causalité esprit-matière...

Bonjour et bienvenue sur ce blog

Si vous refusez comme moi la nécessité scientifique d'un monde absurde ;

Si vous n'acceptez pas que le hasard soit considéré comme une cause agissante ;

Si vous tentez d'imaginer que notre monde (non restreint à l'univers observable) est causal mais que vous tenez aussi à votre libre-arbitre ;

Si vous n’aimez pas faire intervenir de façon trop triviale un Dieu à la volonté insondable pour expliquer ce qui vous échappe ;

Si ce que je vous dis ici vous parle ;

Alors soyez les bienvenus :

nous sommes sur la même longueur d'onde pour tenter d'imaginer, ensemble, autre chose réconciliant ce que nous proposent la science et la religion d'aujourd'hui dans leur opposition manichéenne.


Patrice Weisz

26-Pensées et Cerveau


Les idées sont-elles indépendantes des neurones ?
Les neurones sont-ils indépendants des idées ?

Platon soutenait que les Idées avaient une existence éternelle et étaient "happées" par le cerveau, dans une sorte d'intuition de l'esprit. Sa théorie a donné son nom à l'idéalisme, la théorie moniste ne reconnaissant qu'une seule substance spirituelle.
Effectivement du point de vue platonicien, si on considère que la figure géométrique du triangle parfait est une idée (eidos), on peut se poser la question de l'existence réelle du triangle parfait en dehors de toute pensée humaine. De plus le monde des phénomènes ne nous montrent que des triangles imparfaits fait de matière et d'imprécision. Les triangles du monde sensibles ne sont que des objets matériels dont l'essence est la figure idéale.
Aujourd'hui, la pensée dominante appelerait ce concept d'objet mathématique une abstraction, un "archétype" de la réalité sensible.
Platon donne une réalité "ontologique" au monde des Idées, indépendant de nous. Il postule que ce monde a une existence réelle, indépendante et autonome.
C'est le monde des formes intelligibles saisies par la pensée.
Le questionnement que pose Platon est encore plus parlant lorsque l'on pense aux nombres entiers qui nous servent à compter. Peut-on soutenir que les nombres (un, deux, trois) existent indépendamment de l'homme et sont "captés" par l'homme ou alors que l'homme invente les nombres, et qu'ils n'ont aucune existence "en soi" ?
Le meilleur exemple étant les nombres premiers que l'on recherche activement depuis des millénaires. Il y a même actuellement une compétition internationale dotée de prix honorables à trouver le plus grand nombre premier.
Un nombre premier est un nombre ne pouvant se diviser que par le nombre "1" ou lui-même. Cette recherche s'apparente à celle de l'astronome devant son téléscope en train de chercher une étoile ayant des caractéristiques particulières, perdue dans l'infinité de l'univers qui est donné là.
Il n'y a pas de règle permettant de savoir facilement si un nombre est premier ou non. Il faut le tester. On démontre qu'il y en a une infinité, mais on ne sait pas, hélas, à partir d'un nombre premier en déduire le suivant. Donc on découvre petit à petit de nouveaux nombres premiers. Ils sont là, noyés dans l'infini des entiers, mais ne sont pas immédiatement accessibles. Ils fascinent tous les mathématiciens, car, en plus, un théorème dit que "tout nombre entier peut s'écrire comme le produit de facteurs de nombres premiers". Ce qui veut dire que tout nombre est une combinaison de nombres premiers. Que les nombres premiers, sont effectivement "premiers" également devant les autres nombres qui en découlent.
Il sont perdus dans l'ensemble infini des nombres et en même temps suffisent à générer tous les nombres.
Aujourd'hui, la position la plus rationelle consiste malgré tout à se dire que les nombres n'ont pas d'existence autonome "réel".
Ils sont tous issus de règles de construction par récurrence à partir du zéro en ajoutant un pour obtenir le suivant. Ils sont donc construits par une formule, celle du "+1" et non pré-existants.

L'illusion platonicienne vient également du fait que les grecs ne savaient pas exprimer certains nombres tout en les connaissant. L'exemple célèbre étant donné par Pythagore.
Pythagore voulait exprimer la diagonale du carré en fonction du côté. Muni de son fameux théorème, il découvra alors la racine carrée de 2 mais ne savait pas l'exprimer comme un rapport entre deux entiers (une fraction). Il démontra même que ce n'était pas possible. Il appela alors ce nombre un "irrationnel".

Ensuite vinrent dans l'histoire des mathématiques des nombres encore plus curieux que l'on ne sait même pas calculer entièrement, comme "Pi" qu'on ne peut qu'approximer avec un certain nombre de décimales.
Pi est calculable en théorie mais pas en pratique car son nombre de décimales est infini et ne peut se connaître à l'avance. C'est un nombre "transcendant".

L'ensemble de tous les nombres s'appelle l'ensemble des nombres "réels". Cet ensemble est lui-même noyé dans un ensemble plus grand, celui des nombres "imaginaires". Un nombre imaginaire est de la forme a+ib, avec i racine carré de -1. La racine carrée d'un nombre négatif n'étant pas défini dans l'ensemble des nombres réels dans lequel tout produit de deux nombres négatifs donne un nombre positif.
Les terminologies employées pour désigner tous ces nombres contribuent à leur donner une existence "magique" indépendante aux nombres ou entités mathématiques.
Prenons un autre exemple pour analyser ce que nous dit le sens commun :
Les 7 notes (Do, Ré, Mi,etc.) de la gamme naturelle utilisée dans la musique occidentale ont une existence phénoménologique, c'est-à-dire correspondent à des fréquences mesurables (440 Hz pour le "La" du diapason). Ce n'est pas pour autant que l'infinité des mélodies que l'on peut construire avec ces notes pré-existent à la pensée humaine.

La société reconnait socialement le statut d'auteur au compositeur, suggérant par-là qu'il a créé, qu'il a inventé sa mélodie, et non qu'il l'a découverte par une sorte d'intuition du monde des idées dans lequel toutes les mélodies auraient une existence autonome. Et pourtant il a sûrement créé sa mélodie en appliquant des règles d'harmonie classique, en utilisant des accords connus.
Jean-Sébastien Bach a même créé des fugues en appliquant des règles de construction mathématique, accessible à tous.


La société ne permet pas, par contre, de déposer légalement un nouveau nombre premier, bien qu'il puisse porter le nom de celui qui l'a trouvé. Les nombres appartiennent donc socialement à tout le monde, ce qui concourt à leur donner une pré-existence et un statut d'objet indépendant, non créé par la pensée humaine, par un sujet créatif, mais "découvrable" potentiellement par tous.
Donc curieusement sur le plan juridique, certains objets issus de la pensée sont considérés comme pré-existants à celle-ci et d'autres comme générés par cette même pensée. Ce qui fait que le sens commun dont la loi pourrait être une traduction formelle ne peut nous guider correctement dans cette analyse.
A titre n'anecdote, le paradoxe de la loi sur les droits d'auteurs se situe en informatique, domaine dans lequel un programme écrit par un informaticien est considéré comme une oeuvre créé par l'esprit. Mais un programme informatique écrit dans un langage de haut niveau correspond à une suite d'instructions en langage machine.
Chaque instruction en langage machine s'écrit avec un nombre binaire. Ce qui fait qu'un programme informatique n'est ni plus, ni moins qu'une suite de nombre accolés, et donc n'est qu'un seul grand nombre quand ils sont mis bout à bout. Ce qui fait que déposer légalement un programme revient en fait à déposer un nombre, qui lui-même n'est pas déposable.

Pour finir avec cette notion de propriété intellectuelle, une idée en elle-même n'est d'ailleurs pas déposable, la justification profonde étant qu'elle est considérée comme le patrimoine de tous et non d'un seul. Et pourtant une mélodie est une "idée". Ce qui fait que la loi dans ce domaine, finalement ne peut rien nous apporter car n'a aucune cohérence, n'étant apparemment guidée que par des contigences commerciales. Elle ne reflète donc en rien une forme de jugement commun sur la nature des idées.
Malgré tout il me semble raisonnable de conserver la position consistant à dire que c'est la conscience qui produit les idées, et que les idées sont des abstractions créatives dont on peut donner éventuellement une réalisation concrète, matérielle.

Que les modèles mathématiques sont des productions humaines, issues de l'observation de la nature et induits par nos schémas mentaux.

Toute la subtilité de la question est alors de savoir si une idée correspond alors uniquement à un processus mental, si elle est simplement un processus neuronal "physique" ou si elle a quand même une relative indépendance par rapport au monde matériel.
Quand on parle d'esprit, de pensées, d'idées, de conscience, parle-t-on de la même chose où faut-il introduire des distinctions de nature entre ces différents signifiants ?
Pour clarifier les ambiguïtés linguistiques, j'utiliserais pour cette discussion les définitions suivantes :
Les pensées et les idées sont des synonymes, elles sont les produits de la conscience. Parfois ces termes sont identifiés à ceux de processus mentaux qui tantôt participent au fonctionnement de la conscience, tantôt en sont le fruit.
Ici on parlera de processus mental uniquement pour désigner l'élaboration d'une idée, partant du principe discuté plus haut que ces idées ne pré-existent pas à l'activité cérébrale.
L'esprit me parait le concept le plus vague ayant des connotations religieuses, ésotériques, morales.
J'aimerais ici restreindre son usage à celui de l'incarnation de la chose pensante dans la matière. L'esprit a donc un lien nécessaire avec la matière, donc aucune existence "éthérée" indépendante. Pour autant rien ne dit encore dans cette ébauche de définition s'il est d'une substance différente de la matière ou pas.
Il est le matériau dont est fait la conscience et utilisant pour exister le support matériel. Mais il ne peut exister désincarné comme l'âme immortelle qui peut se passer du corps. Il est lié à la structure de la matière, celle-ci étant son support.
La conscience est, dans sa définition la plus forte, la perception de ses propres pensées, la connaissance de "soi", la formulation possible d'un "je".
Dans sa version faible, la conscience est le stade du miroir, partagé par les animaux les plus évolués qui ont la capacité à reconnaitre leur propre reflet.
Il ne s'agit pas ici du terme compris dans "agir en âme et conscience" qui a une connotation morale ou de la "conscience du monde" qui est reliée à la perception sensible des phénomènes extérieurs. Il s'agit ici de parler de la conscience comme étant un processus élaboré produisant des idées, que l'on peut percevoir comme un phénomène intime.
Hélas dans la plupart des discussions actuelles, les termes d'esprit, de pensée, de processus mentaux, et de conscience sont amalgamés et l'on ne sait jamais de quoi on parle précisément.

L'activité cérébrale est une activité neuronale et hormonale, liée à des transferts électriques et de protéines entre différents éléments organiques du corps au sens large (incluant le cerveau).


C'est un processus physique observable, ayant comme "input" les stimuli électriques provenant des capteurs extérieurs que sont les sens et ayant comme "output", l'action, le mouvement du corps matériel.


Dans le cerveau, les zones de perception et d'action ont été répertoriées géographiquement.
De même chaque fois qu'un corps est soumis a un stimuli on peut en suivre les répercussions au niveau des zones cérébrales qui s'activent. De plus les accidents cérébraux (aphasies) ont pu permettre de mettre en évidence des modifications d'ordre mémoriel ou psychologique.
Donc on ne peut prétendre que la conscience soit indépendante des configurations contingentes du réseau de matière sous-tendant son activité.
De la même façon des modifications hormonales importantes, extérieures au cerveau ont une incidence sur la psychologie humaine (voir le livre du neurologue Jean-Didier Vincent "Biologie des passions" qui décrit l'homme comme une machine esclave de ses hormones jusque dans ses pulsions amoureuses et ses tendances sexuelles.

Le neurone a des capteurs hormonaux comme toute autre cellule et son comportement, sa réponse, dépend donc en partie du bain hormonal fluctuant dans lequel il est plongé et non uniquement des nombreux flux électriques synaptiques le reliant à ses pairs.
Ce qui incitent de nombreux chercheurs à imaginer une identité totale entre les processus cérébraux (matériels) et les processus mentaux (pensées), bien que cela soit impossible à mettre en évidence.

Cette identité revient donc à postuler que les pensées ne sont qu'une vue de l'esprit (à double sens) d'un seul phénomène matériel.

Dans cette vision, il s'agit d'un seul et même processus, décrit avec un vocabulaire différent et sous un angle différent.
Bien que cette conception soit tentante, elle échoue à expliquer la possibilité de percevoir de l'intérieur ses propres pensées, elle échoue à expliquer le cogito, ce regard intérieur sur soi-même. Elle échoue également comme toute version uniquement matérialiste et réductionniste à expliquer le libre-arbitre et la volonté finaliste, qui ne peuvent être alors que des illusions.
Quand je pense quelque chose, c'est un processus physique qui se déroule me donnant l'illusion de penser. Il y a équivalence totale entre une idée et une configuration neuronale.
Cette attitude de pensée est très proche de l'épiphénomalisme qui lui va plus loin en soutenant que les pensées n'ont aucune action sur la matière, que seule la matière agit, que les pensées sont conséquence et ne peuvent être cause, elles sont donc soumises aux contingences du fonctionnement de la matière, conditionnée dans son évolution par ses déterminismes.
Le cerveau devient alors une mécanique commandée par ses "input" dont la réponse dépend du traitement également mécanique qu'il en fait.
Il est dans un état, et la modification de son environnement extérieur ou l'expression de processus intérieurs à l'oeuvre (expression d'un gène, création d'hormones, processus homéostasiques) le fait simplement, par réaction mécanique, changer d'état. Cette notion d'état est celle de l'instantané photographique, c'est à dire de l'instant arrêté artificiellement, mais ne correspond pas exactement à celui du cerveau où tout est en changement permanent, de façon continue.
Ce qui ne veut pas dire non plus qu'à un état donné correspond toujours la même réponse, dans la mesure où les conditions initiales du système ne peuvent se reproduire exactement. De la naissance à la mort il passe en permanence par des états différents. Chaque état n'étant qu'un état transitoire. Et chaque état transitoire représente les conditions initiales (le point de départ) conditionnant sa prochaine réponse à un évènement donné. Il ne repasse jamais par le même état, et les changements intérieurs ou extérieurs le font changer dynamiquement d'état de façon irréversible.
Le cerveau est donc vu comme un système dynamique et continu, influencé en permanence par de nouveaux stimuli venant modifier son évolution.

Une autre approche matérialiste cherchant à expliquer le fonctionnement de la pensée sans introduire une autre substance est celle du cognitivisme. Les cognitivistes assimilent les processus mentaux à une machine de traitement symbolique de l'information.

On est là dans une vision computationnelle du cerveau proche de celle de l'ordinateur. Les pensées sont alors le "software" (les logiciels) , et le corps est le "hardware" (le matériel, les circuits électroniques).

Dans un ordinateur, le programme est écrit à partir d'un langage symbolique, dont chaque instruction correspond à des processus de bas niveau, qui eux-mêmes se traduisent par une activité électronique intense.


Par exemple, l'instruction d'affichage d'un mot à l'écran lance une série de millions d'instructions qui vont s'exécuter au coeur du microprocesseur. Ces instructions extraient l'information contenue dans la mémoire, la traitent et stockent ensuite les nouvelles données. Le langage utilisé est un langage de haut niveau évitant au programmeur de rentrer dans tous les processus sous-jacents concourrants à permettre l'exécution de sa commande.

Cette analogie de l'ordinateur et du cerveau conduit donc à imaginer une pensée pouvant être supportée par autre chose que de la matière vivante, par une complexité électronique par exemple.La conscience, le "je" devient alors un symbole d'un niveau supérieur, une entité syntaxique, sans signification, dont le traitement dépend d'un cascade complexe d'autres règles syntaxiques, dont les éléments premiers correspondent à des processus physiques élémentaires.
Les règles syntaxiques sont les mécaniques innées du cerveau, des processus mémoriels, les règles d'inférence logique et les modalités à priori de la conscience.
On se retrouve alors avec un modèle de fonctionnement qui n'est même plus celui d'un système physique, mais celui d'une grammaire formelle appliquant des règles automatiques à un ensemble de symboles.
Les symboles sont construits et définis à partir d'autres symboles,
dans un système construit comme une pyramide, avec en haut le "je" et à la base les éléments immédiatement donnés, comme les sensations.
Ce modèle d'approche constructiviste est calqué sur celui de l'édifice mathématique, ne laissant aucune place au sens, à la signification. Il est donc en théorie, programmable, et ainsi permet d'imaginer de concevoir des ordinateurs intelligents.
On élimine le sens, on élimine la prise direct des symboles de haut niveau avec la matière.
On défend l'erreur humaine par le théorème de Gödel, qui introduit la contradiction dans un système symbolique suffisammment élaboré. On prédit que le jour où les ordinateurs seront aussi avancés que le cerveau, alors ils se tromperont et rencontreront peut-être même des difficultés à faire de grands calculs. Ils deviendront alors moins performants que les simples calculettes qui surpassent toute intelligence humaine sur les chiffres.

C'est l'hypothèse défendue par
Douglas Hoffstadter
dans son fameux livre,
le GEB
.

L'ordinateur sera alors considéré comme intelligent si on ne peut, en lui posant des questions, arriver à déterminer sans le voir s'il est humain ou non (test de Turing).
Dans cette attitude, du coup, le problème de l'interaction de l'esprit et de la matière ne se pose même plus, car l'esprit est un logiciel, un programme qui "tourne" tant que l'ordinateur est allumé.
Tout comme un logiciel il reçoit des informations et communique avec l'extérieur via des interfaces. Quand le programme "tourne", il exécute un ensemble de processus qui, au niveau le plus bas, correspondent à des mécanismes matériels.

Le programme informatique n'agit pas sur ses circuits, il est un échafaudage d'abstractions ordonnant dans le temps des actions de ses circuits.

Dans cette conception symbolique, cybernétique, de la pensée, il n'y a pas de différence entre un système vivant ou inanimé. Tout est système, qu'il soit naturel ou artificiel. En conséquence les sciences de l'esprit (psychologie, psychanalyse) sont condamnées à disparaitre devant les sciences mathématique de la théorie des systèmes.

Une position un peu moins radicale est l'anomisme, de Davidson, qui rejette l'identité des événements physiques et mentaux.
Davidson soutient qu'il n'existe pas de lois reliant des évènements mentaux à des événements physiques, ni reliant des événements mentaux entre eux. Par contre un événement mental peut recevoir une description physique et de ce fait peut causer un événement physique. C'est parceque l'évènement mental peut être décrit en termes physiques qu'on peut lui associer par exemple une action.
Mais dans cette thèse, un évènement mental ne correspond pas nécessairement à un évènement physique.
De la même façon un événement physique se produisant dans le cerveau ne correspond pas forcément à un évènement mental. Ainsi le fossé se creuse avec le matérialisme réductionniste, qui comme on vient de le voir postule l'identité stricte des deux types d'événements.
L'anomisme essaie finalement de contourner la logique implacable du déterminisme qui exige un lien de causalité systématique entre les deux types d'événements et qui conduit inévitablement à nier la nature de l'esprit au profit de la seule matière ou à poser la nécessité d'un lien causal non explicable de l'esprit sur la matière.
Une autre alternative est celle de l'indéterminisme "roi" qui pose le hasard comme un être à l'origine des événements.
Dans ce cas il y a corrélation probabiliste mais non causalité entre des événements mentaux et physiques. La succession des états du cerveau étant eux-aussi corrélés et non liés causalement. Les événements mentaux ayant une sorte d'autonomie apparente de fonctionnement sans non plus de lien causal. Il n'y a plus du tout de lien causal mais que des corrélations et donc plus de problème défiant l'entendement. Les pensées pouvant alors co-exister avec les processus neuronaux, chacun dans leur propre logique de déroulement parallèle. Il n'y a ni identité, ni causalité, ni interaction de nature différente.
Les idées surviennent alors par hasard peut-être par une sorte de darwinisme sélectif des concepts.
Je ne reviendrais pas dessus. Car pour moi le hasard n'étant pas une cause il ne peut qu'être la conséquence de la limitation de notre entendement à percevoir le monde dans sa globalité en le réduisant à sa partie phénoménale.
Enfin il y a le dualisme défendu ici qui postule la réalité indépendante de la pensée, de l'esprit, agissant sur la matière par un lien de causalité élargie, situé entre les deux mondes, le monde réel et celui des phénomènes indéterministes. Et ce dualisme postule aussi que c'est le seul lien réel de causalité existant dans le monde.La pensée n'ayant pas d'étendue se trouve en-dehors du monde matériel et agit sur le monde matériel,
tout en préservant les grands principes de conservation d'énergie et de quantité de mouvement.


Dans cette conception, il y a une correspondance directe entre l'activité du cerveau et les pensées, il y a une identité, mais entre deux substances différentes.
Ce qui fait que quand l'esprit agit, il modifie les états de la matière. Du point de vue quantique, c'est l'esprit de l'observateur qui réduit la fonction d'onde par la mesure. Ici c'est ce même esprit qui modifie le mouvement particulaire.




L'interaction de l'esprit sur la matière est la réduction de la fonction d'onde. Le hasard est le nom donné au lien régissant l'influence de l'esprit sur la matière, dans une physique exprimant des lois valables uniquement pour la matière. L'esprit est non observable dans le monde des phénomènes, si ce n'est par l'incertitude causal qu'il y introduit au niveau particulaire.
L'aléatoire inhérent à toute vision quantique de la matière trouve son origine non dans le hasard, mais dans l'incapacité de la science a cerner l'influence d'une substance non matérielle sur le monde matériel.Dans cette vision dualiste, il y a correspondance entre chaque particule de matière et de l'esprit. Mais l'esprit n'ayant pas d'étendue, on ne peut pas parler de particules d'esprit. Tout les éléments matériels sont reliés à de l'esprit en tant que substance.
Les pensées sont des organisations particulières de l'esprit ayant leur équivalent physique.
La conscience est aussi une organisation particulière de haut niveau de la matière complexe ayant son "pendant" en sustance esprit.
La matière est toujours liée à de l'esprit quelque soit son organisation.

Cette vision est holistique, dans la mesure où elle explique les propriétés émergentes de la matière complexe. Les organisations complexes ont des propriétés non réductibles à celles de leurs éléments.
La conscience est une de ces propriétés émergentes possible, issue d'une complexification de l'esprit induite par la structuration du cerveau.

Patrice Weisz

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