De la causalité esprit-matière...

Bonjour et bienvenue sur ce blog

Si vous refusez comme moi la nécessité scientifique d'un monde absurde ;

Si vous n'acceptez pas que le hasard soit considéré comme une cause agissante ;

Si vous tentez d'imaginer que notre monde (non restreint à l'univers observable) est causal mais que vous tenez aussi à votre libre-arbitre ;

Si vous n’aimez pas faire intervenir de façon trop triviale un Dieu à la volonté insondable pour expliquer ce qui vous échappe ;

Si ce que je vous dis ici vous parle ;

Alors soyez les bienvenus :

nous sommes sur la même longueur d'onde pour tenter d'imaginer, ensemble, autre chose réconciliant ce que nous proposent la science et la religion d'aujourd'hui dans leur opposition manichéenne.


Patrice Weisz

8- Le libre-arbitre retrouvé


Incapacité de la science à expliquer le libre-arbitre
Peut-on prétendre donner une description complète du fonctionnement de notre monde en y omettant la valeur fondatrice de toute civilisation qu'est la liberté ?
Ne pas intégrer dans l'approche scientifique la liberté de penser ou d'agir, c'est dresser un tableau mécaniste du monde en niant tout simplement l'existence de l'homme. Ici réside la contradiction essentielle de la démarche scientifique qui, veut tout expliquer à partir d'un monde restreint à ses propriétés physiques observables (les phénomènes).
En astrophysique, tous les modèles d'évolution cosmique sont basés sur le principe anthropique.
En relativité, la mesure du temps dépend de la vitesse de l'observateur.
En physique quantique, la réduction de la fonction d'onde probabiliste se fait lors de la mesure effectuée par le physicien.
En conséquence aucune théorie scientifique moderne ne peut se passer de l'homme comme pivot central. Cela est d'ailleurs rassurant et démontre une fois de plus que la science ne peut prétendre à une quelconque objectivité en dehors de la réalité sensible de l'homme.
En effet, la science décrit le monde des phénomènes qui n'est rien d'autre qu'une réalité sensible émergeant de la perception de l'homme. Cette réalité est conditionnée par l'entendement humain, le fonctionnement de ses structures cérébrales et l'investigation limitée de ses sens, même étendus par les appareils de mesure.
Donc le monde décrit par la science est constitutivement lié à la condition humaine.
Pour autant les deux visions causales du monde, le déterminisme et l'indéterminisme ne laissent ni l'une ni l'autre la place à la volonté humaine.

Dans le cas du déterminisme strict , la science dresse un tableau mécaniste de l'évolution du monde dont les conditions initiales font se dérouler par le jeu des lois et des forces un futur prévu d'avance (ce qui ne veut pas dire qu'il soit humainement possible de le prédire). Dans cette vision, l'être humain n'a pas de choix possible, il est le fruit d'une prédétermination totale sur laquelle il n'a pas d'emprise. Sa liberté n'est qu'une illusion nécessaire engendrée par sa conscience pour supporter une fatalité incontournable.
Le hasard n'existe pas, le destin d'un être humain est déjà écrit, car déjà contenu potentiellement dans le présent conditionné totalement par le passé et va se dérouler quelles que soient les choix qui sont faits. La conscience de l'homme n'est qu'un sous-système lié au système global de l'univers matériel. Sa conscience est une illusion portée par la mécanique s'exerçant sur ses neurones, eux-mêmes soumis à des échanges de flux électriques en provenance de l'extérieur du corps dans un système d'horlogerie gigantesque sans faille.
Le déterminisme est donc la négation totale du libre-arbitre.
Ce qui sous-entend que quand je décide de lever le bras ou de le baisser, c'est que c'est déjà écrit potentiellement dans l'action des forces physiques du monde environnant. Que quand j'imagine de lever le bras sans le faire cette pensée est déjà inscrite, car je ne suis pas maître de mes pensées.
Je n'ai plus qu'à attendre la mort en m'asseyant au bord de la route car quels que soient mes agissements, mes désirs, je ne pourrais rien changer à mon propre destin.
Il est écrit que ce que j'écris ici en ce moment précis était prévu depuis la nuit des temps.
Mon acte de réflexion actuel pour montrer que le déterminisme n'est pas tenable est déjà déterminé. La réflexion que je mène n'est qu'une illusion.
La loi des hommes et la justice qui l'exerce ne servent à rien car personne n'est responsable de ses actes, au moment où il agit.
Bref. Toute la civilisation est basée sur la notion de responsabilité et donc de libre-arbitre ce qui fait que cette position à l'heure actuelle se révèle être en contradiction totale avec le vécu de l'humanité. Et il est sans doute plus rationnel de donner raison à la vérité historique si chère à Hegel qu'à une position de principe scientifique que tout être humain contredit à chaque instant.
Pour tenter de maintenir la position du déterminisme sur le plan scientifique, il est nécessaire d'introduire alors la dualité de la nature de l'esprit, c'est-à-dire d'imaginer un monde mécanique de matière et de lois auquel l'esprit n'est pas soumis. C'est-à-dire en cherchant la nature de l'esprit, de la conscience, en dehors de la vaste horlogerie du monde physique.
Mais la volonté issue de la conscience engendre alors des actes. Et ces actes ne trouvent pas leurs causes dans le monde physique prédéterminé. Par contre ils ont une incidence sur le monde physique. En conséquence ils perturbent l'ordonnancement du monde. Donc celui-ci ne peut plus être (pré)déterminé.
Donc dans un cas comme dans l'autre le déterminisme est contradictoire ; à moins d'ôter l'homme et ses actes du monde ce qui à nouveau entre aussi en contradiction avec au minimum le principe anthropique.
Je crois que là, la démonstration est faite de l'incompatibilité du libre-arbitre avec le déterminisme, mais également de l'impossibilité d'un monde déterministe sans libre-arbitre.
Dans le cas de l'indéterminisme, aujourd'hui position prédominante des scientifiques au regard des résultats obtenus en physique quantique, ce sont les caprices du hasard qui conditionnent l'évolution du monde. D'ailleurs, la science ne bute actuellement, dans sa recherche d'unification, que sur la relativité (dont le père si célèbre disait "Dieu ne joue pas aux dés") pour fonder une relativité quantique. Une fois ce nouveau modèle obtenu, les théories proposeront une description complète du monde comme la conséquence du jeu du hasard insondable et de la nécessité des lois physiques en présence.
En résumé d'un côté, on a des sciences physiques modernes s'appuyant nécessairement sur l'homme, et de l'autre côté, on a une description du monde qui ne lui laisse aucune place en tant qu'être responsable.
Car la notion d'indéterminisme n'est pas compatible non plus avec celle du libre-arbitre.
Si j'ai le choix de mes mouvements, si je peux décider librement de m'asseoir ou de me lever, ce qui me fait bouger, ma volonté agissante, ne prend sa source ni dans le hasard ni dans une prédétermination de mes actes.
Le seul argument scientifique essayant d'étayer que l'indéterminisme est à l'origine de mes choix est le suivant :
Les neurones sont constitués d'atomes, agrégats de particules, soumis aux lois de la physique quantique, dont l'état est indéterminé par essence. Cette indétermination s'étend à celles des neurones, support de ma conscience. Quand il y a réduction de la fonction d'onde cumulée de touts ces états fondamentaux, l'indétermination est levée. Il y a donc une option qui est prise : le choix est fait. Donc ma volonté est dans des états équiprobables puis un choix apparaît, réduisant son incertitude, qui me permet d'agir. Mais ce choix n'est pas dépendant de ma volonté il la précède car est le fait du hasard.
Cette façon de voir ne rend pas l'homme responsable de ses choix mais esclave d'un hasard arbitraire lui donnant un sentiment d'incertitude suivi d'un choix imposé. Donc l'indéterminisme soustend également implicitement que le libre-arbitre n'est qu'une illusion.
Il défend donc l'image que les pensées sont postérieures aux modifications d'état de la matière. Que seule la matière agit sur la conscience, que la conscience est un épiphénomène, reflet cérébral des variations hasardeuses de la matière.

L'incohérence de ce point de vue est facile à montrer : du point de vue de la physique quantique, pour qu'il y ait réduction de la fonction d'onde, il faut une action volontaire de mesure ( afin de lever l'incertitude d'Einsenberg), il faut donc une intervention humaine. Il faut donc obligatoirement qu'une volonté s'exerce. C'est d'ailleurs ce point précis qui engendre tous les paradoxes d'interprétation liés la physique quantique (Chat de Schrödinger,etc..).
Et cette intervention humaine est forcément celle de l'individu en position de choix ou celle d'un autre (ce qui est absurde). Et même dans ce dernier cas, le problème reste le même puisqu'il faut de la même façon encore une intervention humaine. La réduction de la fonction d'onde ne peut se faire qu'avec l'intervention d'une conscience. Mais si cette conscience n'était que de la matière, il ne pourrait pas y avoir réduction car les deux systèmes matériels cumuleraient leurs fonctions d'onde, leurs indéterminations, et attendraient une réduction ne venant jamais.
On est là dans une position contradictoire où le cerveau est dans un état indéterminé et l'action de la conscience (qui n'est aussi que matière et donc partie du cerveau aussi) le rend encore plus indéterminé. La réduction de la fonction d'onde ne peut alors jamais avoir lieu. De cette hypothèse ne peut sortir aucun choix ni finalement aucun acte précis.
L'indéterminisme strictement matériel conduit à un monde absurde dans lequel aucun acte voulu ne peut voir le jour. Tous les éventualités sont menées de front, sans aucune bifurcation du futur possible. Tous les futurs restent cumulés dans un état incertain qui est la somme de tous les états possibles.
Par contre si la conscience n'est pas matérielle, alors la réduction de la fonction d'onde probabiliste peut se faire. Mais si elle n'est pas matérielle, elle n'est pas soumise aux paradoxes du hasard de la physique quantique, et donc permet d'agir de façon voulue dans une direction donnée.
En conclusion : même si la matière est indéterminée, c'est l'action de la pensée qui permet de faire un choix. Et donc celle-ci ne peut être soumise aux contingences des propriétés de la matière.
Je pense avoir démontré ici que le libre-arbitre n'est pas compatible avec les visions strictement matérialistes d'un monde des phénomènes qu'il soit déterministe ou indéterministe, car aucune position ne tient.
Il faut donc nécessairement introduire que ce qui fait que le libre-arbitre peut exister, c'est que l'esprit n'est pas dans ce monde purement physique quelles qu'en soient les règles de fonctionnement.

En conséquence, voilà encore un autre angle d'approche pour justifier la dualité non réductible des propriétés de l'esprit et de la matière.


Patrice Weisz

4 commentaires:

Anonyme a dit…

32995Bonjour,
Merci pour ce site reserve a ceux qui ont besoin d'etre mis sur la voie concernant des textes rigoureux.

J'ai choisi le theme "le libre arbitre retrouve", car il me semble celui qui est le moins fouille, par rapport aux recherches a notre disposition.

A ce titre je me reporterai a Lacan qui a apporte en Psychanalyse des determinants essentiels pour eterminer la position de l'individu dans le registre de l'existence. L'objet petit a est une ouverture essentielle entre le rapport au corps et aus signifiant. Le corps par ses orifices particuliers est la matrice de ce qui precede tout sens, toute expression intentionelle. Il a montre aussi ce que peut representer l'intention Kantenne d'une morale du bon sentiment, en faisant intervenir Sade. Pour Lacan ly a un sujet mais il est celui de" l'inconscient, il est determine par le Reel

Je vais faire reference a la ""boucle de retroaction", car elle exprime bien, l'introduction de l'objet petit a (le connu nous revele l'inconnu).

A ce sujet experience Psychologique determinante pour moi. A travers cette experience j'ai pu constate que le Determinisme et l'indeterminisme se cotoyaient, en constatant qui si necessite invocante a eu lieue comme apparence intentionelle (determiçnation). Il y avait indetermination dans la mesure ou la concretisation en paraissait tres tres aleatoire, de l'ordre du "miracle) Pourtant cela a eu lieu a mon insu intentionnel. Lacan dit dans dans de telles circonstance un nouveau sujet de l'inconscient se presente. Exact, mais se sujet de l'inconscient se signifie par le principe de difference. Angoisse : Culpabilite - Pardon - Difference qui supprime le meme (cette difference a represente une certaine illumination de l'ordre d'un sentiment oceanique (joie, eternite, experience sur le temps). Ensuite prise de conscience du resultat, amenant un changement profond.(Si l'experizence vous interesse, je vous e ferait part).Derrida sur le supplement d'origine, est aussi tres interressant. Bien sur ses theses n'ont aucune implication sur la necessite d'une cause premiere a l'echelon de la creation. Pour autant meme si une cause premiere peut pretendre a celle ci, elle parait s'etre desengagee de. notre sort reel. Ce qui revient a dire que meme si il y a lieu d'y penser, on peut conclure a travers la part importante de deterministe qui nous assiste, cette cause nous est etrangere. A cet effet seule une ethique nous tient lieu du vivre ensemble. Le libre arbitre et la recontre du Reel(Lacanien) nous porte a croire que notre decison reside dans le fait de constater. Comme dit la chanson : on choisit pas sa famille, on choisit pas sa cause premiere. Cordialement Alain Monier

Anonyme a dit…

Bonjour,
Peut on parler de boucle de retroaction lorque je dis, je lis un mot et que simultanement, j'entends la meme signification accoustique, qui n'a pas obligatoirement le meme signifiant, le meme sens. Mais pourquoi cette synchronisation ? Il me semble qu'il y a une constante de la difference a l'encontre du meme. On peut voir dans ce processus un rapport entre determinisme et indeterminisme.

Si une liberte se donne a voir, il n'en reste pas moins qu'elle est octroyee. La decision est Buridanesque ou presque. On nous dit il y a ouverture possible, mais attention dans des normes raisonnables. La mort et touti quanti, cela vous echappe. Vous n'avez pas demande a venir, cela est une autre affaire. Vous avez l'esperance, d'autres ont mise sur l'espoir bien entendu, il ne pouvaient pas etre exauces, le gaspi c'est une affaire qui vous depasse. Cordialement Alain Monier

Anonyme a dit…

Aucune possibilite de passer un commentaire Alain Monier

vince a dit…

Très bon. Je vais relire plus attentivement. Merci beaucoup