De la causalité esprit-matière...

Bonjour et bienvenue sur ce blog

Si vous refusez comme moi la nécessité scientifique d'un monde absurde ;

Si vous n'acceptez pas que le hasard soit considéré comme une cause agissante ;

Si vous tentez d'imaginer que notre monde (non restreint à l'univers observable) est causal mais que vous tenez aussi à votre libre-arbitre ;

Si vous n’aimez pas faire intervenir de façon trop triviale un Dieu à la volonté insondable pour expliquer ce qui vous échappe ;

Si ce que je vous dis ici vous parle ;

Alors soyez les bienvenus :

nous sommes sur la même longueur d'onde pour tenter d'imaginer, ensemble, autre chose réconciliant ce que nous proposent la science et la religion d'aujourd'hui dans leur opposition manichéenne.


Patrice Weisz

21- La cosmologie composite est-elle scientifique ?


Etude épistémologique de la cosmologie duale.

La théorie duale qui est avancée ici, est-elle scientifique ou non ?
Tout d'abord essayons, à partir des textes précédents, de dégager une synthèse de ce qui est avancé. Cette synthèse est un peu prématurée dans la mesure où tous les aspects de la question n'ont pas encore été abordés, néanmoins il se dégage un fil conducteur.



L'esprit est à l'origine de la forme réelle de l'univers non accessible à l'entendement humain.
L'esprit imprime son mouvement à l'organisation de la matière.
L'esprit amène progressivement le monde à la réalisation d'une conscience universelle stable et harmonieuse.


Une fois formulé, il faut interroger cet énoncé de synthèse pour déterminer à quelles doctrines scientifiques il correspond. Il y a beaucoup de principes qui sont posés par la science et qui tous tentent de définir le rapport de la pensée au monde. Les grands philosophes et scientifiques au cours de l'histoire ont tour à tour, à leurs manières, défendus un certain point de vue résultant de leur analyse du rapport de l'homme au monde, du fonctionnement des théories et du fonctionnement du monde. Ces points de vue philosophiques ne sont en général pas démontrables. Ils résultent de l'expérience et des croyances de chacun.
Néanmoins cet énoncé se veut déductif, argumenté logiquement, et sans à priori. Néanmoins, de fait, il prend nécessairement position. C'est cette position qui va être éclaircie ici à la lumière des principales doctrines rencontrée en philosophie des sciences.

Dans la première phrase, il y a les mots "esprit" et "matière". Donc il s'agit d'un énoncé dualiste, cartésien, s'opposant au monisme matérialiste ou spiritualiste qui ne reconnaissent pas la différence de nature entre l'esprit et la matière. Ici l'esprit et la matière sont deux substances différentes, donc posent le problème classique de l'intéraction de l'un sur l'autre.

Toute la difficulté du matérialisme étant, qu'une fois posé l'existence d'une seule substance, il ne peut résoudre cet interaction et donc en déduit nécessairement que l'esprit n'existe pas, qu'il n'est qu'un épiphénomène de la matière, une sorte d'illusion. Ce qui remet en cause le cogito de Descartes qui en devient une sorte d'auto-référence d'un système matériel complexe, issu du hasard et des lois de la physique. Ce qui remet en cause également le libre-arbitre qui ne serait alors qu'une illusion, de la même manière que la volonté agissante qui ne pourrait posséder aucune finalité. L'homme serait donc réduit à une machine sophistiquée auto-organisée.

Inversement poser qu'il n'y a que l'esprit, engendre la problématique de l'illusion de la matière, et donc d'un monde totalement imaginé par le sujet pensant, sans aucune réalité extérieure. Ce monde n'ayant alors pas plus d'existence que les rêves, et étant nécessairement différent pour chacun.
C'est la doctrine de l'idéalisme, qui considère que même les phénomènes sont produits par l'esprit. La notion d'objet par opposition au sujet parait effectivement produite par l'esprit et ne faisant appel à aucune réalité extérieure. Mais quand on parle de phénomènes, on parle d'observations faites éventuellement par un tiers ou une machine et partageables par tous. Il est difficile de pousser l'idéalisme dans ses extrêmes jusqu'à accepter que toutes les vies de tous les êtres vivants, que chaque grain de sable, chaque étoile, chaque os enfoui depuis des millénaires dans le sol soient les composantes d'un vaste rêve.
Ce qui fait que l'intégralité du savoir et de l'expérience, de tous les faits, de tous les évènements répertoriés depuis la nuit des temps ne seraient que les inventions d'un seul homme sondant son propre imaginaire. Le nombre de paradoxes engendrés par cette doctrine est infini, même si effectivement, le cogito de Descartes d'un certain point de vue suggère que seule la pensée soit réelle. Devant cette difficulté et les avancées du progrès scientifique, il ne parait pas opportun de retenir aujourd"hui cette doctrine

Le dualisme induit par la reconnaissance des deux substances apparait alors comme une nécessité logique. Mais il demande donc de résoudre l'interaction de l'esprit et de la matière. Cette exigence aboutit logiquement à rejeter le principe de causalité pour ne pas rester dans l'impasse du matérialisme. Et donc à poser nécessairement l'existence d'une cause extérieure au monde des phénomènes.
En première conséquence, il faut alors distinguer le monde des phénomènes et le monde "réel".
Il faut donc abandonner la doctrine du phénoménalisme qui réduit la réalité des objets matériels à des données sensibles. Cette doctrine stipule qu'il n'y a pas d'apparence, que le monde est tel qu'on le voit. Que les phénomènes observés sont la réalité. Donc qu'il y a une forme d'objectivité dans les phénomènes perçus. Cette doctrine pose beaucoup de questions, notamment celle de l'existence des relations mathématiques trouvées dans les différents modèles scientifiques. Effectivement si les phénomènes sont réels, alors comment se fait-il que le monde soit compréhensible et qu'il puisse se décrire avec des équations ? Comment se fait-il que le monde ressemble alors à un vaste système d'horlogerie ? Cela suggère un rapport intime entre l'homme et le monde, lui octroyant le don d'appréhender l'univers par le langage mathématique.
En reléguant le hasard à une simple ignorance momentanée de phénomènes non encore expliqués, cela suggère inévitablement l'idée d'un Dieu créateur du monde, ayant conçu un univers mathématiquement compréhensible par l'homme, à son échelle d'entendement, ou créateur d'un homme ayant les capacités exceptionnelles de percer les secrets de la mécanique céleste. Mais le phénoménalisme ne peut que nier l'existence d'un Dieu non observable, et donc se retrouve dans une posture contradictoire, à moins d'accepter la réalité phénoménale du hasard comme cause de l'inexplicable.
Rejeter le hasard, c'est adopter la doctrine du déterminisme.
Le déterminisme pose que tous les phénomènes sont les effets de causes antérieures : "Rien n'arrive par hasard". L'état d'un système clos peut donc être prédit avec n'importe quelle précision à partir des conditions initiales.
C'est une doctrine qui ne dit rien quant à l'existence possible ou pas de Dieu. Mais dans un contexte matérialiste et phénoménaliste, il débouche inexorablement, entre-autre, vers celui d'une cause première, le Dieu créateur à l'origine de tout, donc sur une contradiction de substance.
En conséquence le phénoménalisme ne peut-être déterministe. Il lui faut donc être indéterministe.
La doctrine de l'indéterminisme, celle des théories les plus modernes, prône que l'on est dans l'impossibilité de prévoir le cours des évènements, donc rejette également la causalité.
Mais le hasard n'est pas une cause, il est l'absence de cause. Or les évènements surviennent malgré tout. Donc on ne peut que postuler alors l'existence d'une réalité non connaissable à l'orgine d'évènements non prédictibles, en dehors de la réalité phénoménale. Ce qui fait que là aussi le phénoménalisme entre en contradiction.
En conclusion, le matérialisme phénoménalisme n'est pas tenable, car dans les deux cas (déterminisme et indéterminisme) il aboutit nécessairement à l'existence de quelque chose en dehors des phénomènes observés.
C'est d'ailleurs l'objet de la métaphysique que de tenter de cerner cet au-delà du monde des phénomènes.
En reprenant notre point de départ, il ne reste donc que la possibilité de la doctrine du réalisme dualiste.
Le réalisme prône l'existence d'une réalité indépendante du sujet qui perçoit.
Chez Platon, le réalisme était un réalisme idéaliste, le monde réel étant celui, en dehors des phénomènes dans lequel les idées existaient indépendamment de l'homme. Ici, il ne s'agit pas exactement du même réalisme, dans la mesure où la réalité des phénomènes n'est pas remise en cause.
Le phénomène est ici la résultante d'une perception humaine et d'une réalité indépendante :
Le monde réel indépendant, apparait partiellement à l'homme sous forme de phénomènes observables. Cette apparition dépend de ses sens, de ses capacités d'observation, et des modalités de son entendement qui est "causal".
C'est la doctrine de l'empirisme.Pour l'empirisme, la causalité est une idée subjective résultant de successions régulières de phénomènes, auquels on attribue une relation logique ou mathématique.
En d'autres termes, la forme sensible du phénomène n'a rien à voir avec la forme réelle qui le produit.
L'homme nomme le phénomène matière ou énergie, ou onde. Pour ma part, je vois le monde réel comme un sustrat en mouvement, j'appelerais cela mathématiquement un "champ vectoriel".

D'autre part, ce qui est évoqué ici ne trouve pas encore de preuve scientifique observable a proprement parler.
Un début de preuve scientifique étant de montrer que l'auto-organisation de la matière à partir du hasard, n'est pas possible mathématiquement. L'exploration de la combinatoire engendrée par le hasard pour l'émergence de l'ADN nécessitant un temps sans commune mesure avec l'âge relativement jeune de l'univers. Cela s'appuie donc sur l'hypothèse du big-bang, qui ne repose que sur quelques observations malgré son fort pouvoir prédictif et sa compatiblité avec la relativité générale. Ici il s'agit de montrer qu'un processus finaliste est à l'oeuvre dans l'évolution du monde.
Un autre début de preuve scientifique est l'hypothèse Gaïa de James Lovelock qui montre que la Terre est un organisme vivant régulant la préservation du règne animal avec les variations de climat, le règne végétal et le taux d'oxygène dans l'air nécessaire à la vie.
Mais la vie étant un concept difficile à définir correctement, l'accumulation des preuves scientifiques sur l'organisme Gaïa laisse toujours place à la controverse.
Là il s'agit de montrer que d'autres systèmes que le cerveau humain peuvent être doués d'une volonté agissante, et donc d'une forme de conscience.
Ici, la théorie dualiste avancée participe donc essentiellement d'une démarche rationnelle. La doctrine du rationalisme prend la raison comme source de la connaissance. Dans la mesure ou pour l'instant cette cosmologie est fondée sur des déductions logiques, elle ne peut être que rationnelle.
D'autre part,
Le matérialisme est essentiellement réductionniste. La doctrine du réductionnisme consiste à croire que l'on peut expliquer un phénomène par l'analyse de ses composants plus simples. Appliqué à l'homme, c'est la croyance consistant à prédire que l'on comprendra l'origine et le fonctionnement de la conscience en examinant le fonctionnement des neurones.
Le contraire du réductionnisme étant le holisme qui dit que "le tout vaut plus que la somme des parties". C'est à dire qu'un système complexe possède des caractéristiques liées à sa totalité et des propriétés non réductibbles à celles de ses éléments.
Le dualisme est nécessairement holiste car la pensée n'y est pas réductible aux relations des éléments de matière organiques qui la sous-tendent.
En revenant à l'énoncé, il est dit que l'esprit imprime son mouvement à la matière,etc..
Cela suppose donc un projet, un but dans l'évolution de la vie sur terre, mais aussi dans l'évolution de l'univers.
Concernant l'évolution de la vie, les biologistes depuis Darwin essaient d'éliminer toute finalité dans les mutations et la création d'organes évolués, laissant cela au hasard des combinaisons génétiques, guidées par une pression environnementale. c'est le darwinisme de la sélection naturelle des espèces. Mais L'environnement aujourd'hui est vu comme un écosystème global, dans lequel, toute la biosphère est impliquée.
Le régne végétal évolue, a une incidence sur le climat, sur le règne animal, sur la composition de l'atmosphère, etc.. Toute la biosphère interagit de concert, sans que l'on puisse isoler une partie du reste. Du coup la diversité des espèces s'expliquent ainsi de plus en plus difficilement, certaines n'ayant que très peu évolué depuis des millions d'années, d'autres évoluant et s'adaptant de façon frénétique. Certains cycles écologiques incluent aussi bien le minéral, que le végétal et l'animal dans un symbiose évolutive difficilement explicable par le hasard.
D'autre part, l'émergence d'organes comme l'oeil, le coeur, etc.. ne peuvent s'expliquer par le tâtonnement de mutations hasardeuses, dans la mesure où ils ne représentent un avantage sélectif qu'une fois opérationnels. Il serait beaucoup plus aisé de parler de finalisme, caricaturalement exprimé par la phrase "C'est la fonction qui crée l'organe". Ce terme a été tourné en dérision. Aujourd'hui on parle de téléologie pour étudier les systèmes finalistes et intentionnels. Je retiendrais donc l'intentionnel
La cosmologie dualiste soutient donc une intention dans l'évolution du monde.

En conclusion, sur le plan des doctrines scientifiques,

la cosmologie posée ici est :

dualiste, réaliste, empiriste
, rationnelle,holistique et intentionnelle

Patrice Weisz

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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