De la causalité esprit-matière...

Bonjour et bienvenue sur ce blog

Si vous refusez comme moi la nécessité scientifique d'un monde absurde ;

Si vous n'acceptez pas que le hasard soit considéré comme une cause agissante ;

Si vous tentez d'imaginer que notre monde (non restreint à l'univers observable) est causal mais que vous tenez aussi à votre libre-arbitre ;

Si vous n’aimez pas faire intervenir de façon trop triviale un Dieu à la volonté insondable pour expliquer ce qui vous échappe ;

Si ce que je vous dis ici vous parle ;

Alors soyez les bienvenus :

nous sommes sur la même longueur d'onde pour tenter d'imaginer, ensemble, autre chose réconciliant ce que nous proposent la science et la religion d'aujourd'hui dans leur opposition manichéenne.


Patrice Weisz

32- Le Corps-Univers


Le corps de l'esprit de l'Univers.

Pourquoi dit-on de certains êtres qu'ils sont animés et d'autres inanimés ?
Etre animé est-ce équivalent à être vivant ? Qu'est-ce que la vie ?
On s'accorde à dire que le règle animal est vivant, que le règne végétal est vivant également mais pas le règne minéral. Quelle différence profonde y a-t-il entre un être vivant et un être non vivant ? La capacité à se reproduire ? L'existence de processus homéostasiques ? L'auto-organisation apparente ? L'existence d'un cycle de vie impliquant une durée de vie ? Ce qui vit n'est-ce pas simplement ce qui peut mourir ? Le virus vit-il ? La planète Terre vit-elle ? Les cristaux qui se reproduisent vivent-ils ?
La définition de la vie est une définition aux limites floues, l'une de celles qui me parait la plus générale est :

Etat d'activité de la substance organisée

Cette définition, extraite du grand dictionnaire de la langue française (site Mediadico) , concentre en peu de mots les grandes caractéristiques de ce qui fait que l'on peut dire d'un être qu'il est vivant. Ce qui est inerte n'est donc pas considéré comme vivant. Le cristal, substance matérielle organisée, même s'il a la capacité à se reproduire ne contient pas d'activité donc n'est pas vivant. La vie suppose donc l'organisation et le changement, le mouvement.
Voici d'autres définitions... . tirées de Wikipedia :
Selon la NASA, est vivant tout système délimité sur le plan spacial par une membrane semi-perméable de sa propre fabrication et capable de s'auto-entretenir, ainsi que de se reproduire en fabriquant ses propres constituants à partir d'énergie et/ou à partir d'éléments exterieurs.
La vie est un état organisé et homéostatique de la matière.

Ou :

Mode d’organisation de la matière générant des formes diverses, de complexités variables, en interaction et ayant comme propriété principale de se reproduire presque à l’identique en utilisant les matériaux et l‘énergie disponibles dans leur l’environnement auquel elles peuvent s’adapter.
Les définitions précédentes sont plus complexes car elle se veulent scientifiquement correctes. Elles sont empiriques, car bien évidemment extraites de notre observation de la biosphère. Elles introduisent aussi la reproduction.
Peut-on effectivement désigner comme vivant un être n'étant pas doué de la capacité à se reproduire ?
De plus en plus, on entend les biologistes parler de la mort programmée génétiquement des êtres vivants.
Par exemple, l'homme se met à vieillir car ses gênes en ont décidés ainsi : il est, à un moment, temps de mourir pour laisser la place à d'autres êtres afin de renouveler l'espèce et ainsi assurer sa pérennité par une réadaptation possible à l'environnement, ceci de génération en génération. En veillisssant, les cheveux blanchissent, les cellules se reproduisent de moins en moins. En théorie, rien ne les empêchent de continuer à se régénérer de la même façon. En pratique, il y a des gênes responsables du vieillissement qui envoient les ordres de la mise "hors service" progressive.
Le corps ne s'use pas naturellement, il est de moins en moins bien entretenu au cours du temps. Les femmes ont un capital d'ovules limités décidé avant même leur naissance, au 6ème mois de l'embryon. Une fois ce capital épuisé, c'est la ménopause. Non pas que la femme serait trop vieille ou trop faible pour porter des enfants tardivement, mais simplement qu'il est temps de passer le relais.
Le corps humain est fait mystérieusement pour durer un certain temps (120 ans maximum) . Pourquoi ? Quelle mystérieuse loi de sélection naturelle pourrait aboutir à cette durée ? Afin d'éviter la surpopulation ? Mais comment les gênes pourraient intégrer la superficie habitable de la planète alors que la population de l'homme n'a fait qu'augmenter ?
Les gènes gèrent absolument tout du cycle de vie des être vivants, sans pour autant que l'on puisse expliquer d'où leur vient cette connaissance à priori, car elle ne peut être déduite d'expérimentations empiriques, d'un loi de sélection mémorisant curieusement certains avantages "concurrentiels" par rapport à un environnement en mutation et à d'autres espèces en compétition.
Les gènes décident de la durée de vie de chaque espèce, pronostiquant arbitrairement un taux de renouvellement nécessaire des générations, fonction de leur nombre, de leur complexité, et du nombre de leurs prédateurs. Difficile de se dire que cela s'est fait par ajustements successifs, empiriquement, Mais à défaut d'autres explications, celle de Darwin reste encore valide.
Le principe de la sélection naturelle induit donc la mort et la reproduction pour pérenniser l'espèce.
Mais est-ce cette mort programmée qui induit la reproduction pour ne pas arriver à l'extinction de la race ou l'inverse afin d'éviter la surpopulation ?
Et comment peut-on juger de la capacité d'un être à se reproduire si on ne détecte pas ses mécanismes de reproduction ?
Imaginons un être qui vivrait des millions d'années, détecterait-on qu'il se reproduit ? De la même façon comment peut-on juger de la capacité d'un être à mourir si sa longévité est supérieure à celle de la race humaine ?
Prenons un exemple : dans l'hypothèse Gaia, James Lovelock soutient que la terre est un organisme vivant, et donc que le réchauffement de la planète aura pour conséquence de briser les mécanismes qui maintiennent ses équilibres. Si on réchauffe trop la planète, elle mourra et ainsi ne préservera plus la vie des êtres qui la peuplent. Dans cette hypothèse, la terre a une certaine température d'équilibre (environ 13 degrés en moyenne) comparable au 37 degrés du corps humain.
Le corps humain ne support pas des écarts de plus de 5 degrés sans remettre en cause ses processus vitaux. Si la température intérieure de l'être humain augmente ne serait-ce que de 10 degrés, c'est la mort assurée, donc la cessation de toute activité de maintien de son organisation et en conséquence l'entrée dans des processus de dégradation irréversibles aboutissant à une mort certaine. Lovelock postule qu'il en est de même pour notre planète.
Elle peut donc mourir (et nous avec) si on continue à favoriser l'effet de serre. Aujourd'hui elle n'est heureusement encore que sous l'emprise d'une grosse fièvre.
Mais on peut tout aussi bien analyser la Terre comme un système inanimé et y observer les mêmes processus d'auto-régulation. Car la vie n'est peut-être qu'un point de vue.

A la lumière de cet exemple on se rend compte que les processus vitaux sont des processus physico-chimiques . La vie ne se caractérise pas scientifiquement par autre chose que des processus matériels. La science d'aujourd'hui dans sa vision essentiellement matérialiste, ramène la vie à des processus physico-chimiques, et plus du tout à un principe vital incarné dans la matière. Du coup, la Terre ressemble alors, du point de vue biologique, à un organisme vivant unique non doué de reproduction.
L'imbrication de tous les cycles naturels, le cycle de l'eau, de la transformation d'énergie, des cycles écologiques entretenus en commun par plusieurs espèces animales et végétales sont les processus homéostasiques de la terre pour essayer de se maintenir en vie.
L'auto-organisation de la matière qui aboutit aujourd'hui à l'existence de toutes les espèces vivantes, participe de la même façon à la maturation d'un vaste organisme vivant qui est la Terre, somme organisée des 3 règnes animal, végétal et minéral.
Le point de vue matérialiste stipule que la conscience est une propriété émergente de la complexité de la matière, de la même façon il stipule que la vie est une propriété émergente de la complexité de la matière. A ce titre, toute complexité d'organisation peut engendrer une conscience et également de la vie. Et ceci indépendamment de la nature de ses constituants.
Ce n'est pas parceque la vie sur terre est articulée autour de l'eau et du carbone qu'il doit en être obligatoirement ainsi pour tout être vivant. La vie n'est en définitive qu'un ensemble de processus issus de l'auto-organisation de la matière.
Mais un système constitué de systèmes complexes peut-il être autre chose que complexe ?
A priori la complexité résultante de l'organisation de systèmes complexes ne peut-être que d'un niveau plus complexe encore. En d'autres termes, l'interaction de milliards d'individus humains, animaux, végétaux avec leur environnement, eux-mêmes constitués chacun de millions de processus interagissant ensemble crée une organisation globale aboutissant à un organisme de très haut degré de complexité.
La science dans son approche réductionniste étudie les parties composant ce vaste ensemble, et donc ne peut en examiner les propriétés émergentes.
Les propriétés émergentes du macroscope (d'après la terminologie du biologiste Joël de Rosnay) ne se voient pas au microscope. Même si la Terre est réellement vivante, on pourra toujours interprété n'importe quel processus observé comme un processus naturel ne caractérisant pas spécifiquement la vie.
Au microscope, la vie n'est qu'une combinatoire de molécules, d'atomes sans vie répondant dans leurs comportement à l'actio de forces physiques. La vie ne peut s'observer, car elle n'est constituée que de processus mécaniques. La cellule, à la loupe, est une usine de fabrication moléculaire, une incroyable chaîne de montage miniaturisée. On ne peut observe la conscience au sein des neurones, et on ne peut observer la vie à l'intérieur des cellules.
La science dans son approche réductionniste ne peut que faire le constat d'une matière inanimée mais hautement organisée dans le vivant est faiblement organisée dans l'inanimé. Tout comme elle différencie la possible présence de conscience en introduisant des différents degrés de complexités dans les systèmes qu'elle décortique, elle différencie le vivant de l'inanimé par des différence de degrés d'organisation.
S'il y a certains principes (auto-régulation, auto-conservation, auto-reproduction) observés alors il y a de la vie, sachant que tout cela sort de l'auto-organisation de la matière. Tous ces "auto" rendent le hasard très intelligent ou très peu crédible !

Gaïa a un corps, c'est la planète Terre. La Terre est un corps vivant. Vraisemblablement doué d'esprit comme je l'ai montré précédemment. Esprit issu de l'interaction des milliards d'individus la peuplant.
Mais ce raisonnement peut lui-même s'étendre au tout, à l'univers. L'univers est un corps.
Il est né il y a 13 milliards d'années, il s'est organisé. Il est très actif. On observe une faible partie de son activité sur Terre, restreint dans notre investigation par des distances incommensurables.
Notre observation sur terre est comparable à celle de l'observation de l'activité interne d'une cellule composant une structure biologique vivante plus vaste. Si on regarde l'univers comme un vaste ensemble, alors l'organisation de notre planète est un exemple local. Mais la terre interagit avec le Système solaire, lui-même avec la galaxie, et elle avec d'autres galaxies. Les organisations imbriquées ne sont pas indépendantes malgré les distances.
Si l'expansion de l'univers est cyclique, et il est difficile de penser autrement l'univers à partir du moment on l'on fixe une origine , alors l'univers a un cycle de vie. C'est un être qui nait, grandit, évolue et va peut-être vers sa mort, source d'une autre vie future.
Une théorie prédit que la matière engloutie par les trous noirs donnent naissance à d'autres univers, que la singularité spatio-temporelle, la catastrophe (selon le vocabulaire du mathématicien René Thom) engendrée par l'hyperdensité ponctuelle de masses crève la structure de l'espace-temps. Le trou noir serait l'envers d'un big-bang. On peut y voir ici un mécanisme de reproduction de cet organisme-univers, agissant de son vivant. C'est une explication possible de la naissance de l'univers, des univers.
Mais il me semble malgré tout raisonnable de penser qu'il faille que la densité de matière absorbée soit identique à celle constituant notre univers, ceci afin de batir une hypothèse qui puisse s'appliquer à notre monde observable
Si la densité de la matière noire frène suffisamment l'expansion de l'univers il ira vers une contraction donnant à son tour un big-bang après un big-crunch.
Par contre si l'univers va vers une expansion infinie, il ira vers une mort lente, engendrant thermodynamiquement des points d'organisation de plus en plus complexes. Et les trous noirs finiront par happer au cours de leurs périgrination de plus en plus de matière jusqu'à peut-être n'en former plus qu'un seul par agrégation duquel un autre univers surgira.
L'univers est un être en perpétuelle gestation, c'est un système complexe vivant. Et de sa complexité émerge également une conscience, la métaconscience de l'univers, non observable.
Du point de vue déiste, la métaconscience de l'univers est la transcendance du Dieu-réalité et le corps-univers est l'immanence de Dieu.
Le corps univers est un méta-organisme constitué de l'imbrication de tout ce qui existe, de tout ce qui vit, de tout ce qui tourne, de tout ce qui nait et meure. Les étoiles, les galaxies sont son organisation.
Dieu est alors l'Un du "tout est Un", constitué à la fois d'un corps, l'univers matériel et d'un esprit, la réalité non observable, source de tout principe d'organisation. C'est l'esprit qui forge le corps, qui crée l'auto-organisation apparente de la matière. Et c'est cette complexité croissante du corps qui fait émerger la conscience localement parmi les êtres vivants mais qui fait tout aussi bien émerger la méta-conscience au niveau global de l'univers.
Rien n'arrive par hasard, mais le sens de ce qui arrive n'est pas à trouver dans une vision anthropocentrique du monde, mais dans une vision holistisque de l'univers.
Les voies du Seigneur sont impénétrables si on ne regarde que l'homme mais prennent un sens si l'homme n'est qu'une partie du Tout en évolution.
Le principe de l'évolution n'est pas anthropique, Dieu ne s'occupe pas plus des hommes que du reste. C'est un principe d'émergence de la conscience. Tout est fait pour que la conscience jaillisse
L'esprit de Dieu façonne l'univers vers une organisation permettant l'émergence d'une conscience universelle, dont notre propre conscience est le rudiment, l'embryon spirituel.
Le corps humain se développe progressivement à partir d'un ovule fécondé, selon un plan inscrit dans ses gènes. La conscience humaine émerge progressivement de l'organisation complexe du réseau neuronal, de sa structure qui en est à la fois la mémoire et le support.
De la même façon, l'Univers se développe progressivement à partir de l'oeuf big-bang selon des directives inscrites dans les lois de la physique qui dictent comment assembler la matière. L'évolution de l'Univers est la conséquence de la direction qu'impriment les spécificités des lois de la physique , celles de la superforce, dans l'organisation de la matière. Et cette organisation est actuellement arrivée à faire jaillir localement la conscience au niveau le plus bas, mais se continue à différents niveaux imbriqués de plus en plus élevés.
Mais le niveau supérieur de conscience, celui de l'univers dans son ensemble n'est pas encore atteint, car la complexification de la matière n'est pas terminée. On a déjà atteint celui de l'espèce humaine forte de ses 6 milliards d'individus conscients en interaction complexe.D'autres espèces de par leur nombre et leur organisation, notamment dans le règne des insectes (on estime à 30 millions le nombre d'espèces restant à connaître et donc à des centaines de milliards leur nombre total) ont vraisemblablement aussi atteint un niveau de conscience collective qui expliqueraient certains comportements de masse.
Mais ces exemples sont terrestres et suggèrent que la conscience peut exister à des niveaux d'imbrication différents selon le principe des poupées russes.
Où en sera l'organisation de la matière dans 1 milliard d'années ? S'il a fallut quelques millions d'années à la nature pour faire apparaitre la conscience humaine, sachant que l'évolution s'accélère, que va-t-elle faire apparaitre ensuite ? Si la matière continue son rythme effreinée d'organisation où en sera-t-elle à cette époque ? Sans faire intervenir aucune supposition farfelue, uniquement en regardant le chemin parcouru, il parait rationnel de conjoncturer l'émergence d'une conscience globale, infiniment plus élaborée que la notre et utilisant comme support matériel l'univers dans son ensemble.
Pour ma part je pense que comme l'esprit se cache derrière la matière, dès qu'il y a organisation, il y a déjà une forme de conscience même rudimentaire. Et cette idée, à l'échelle de la complexité de l'univers suggère déjà la présence d'une proto-conscience universelle en devenir. L'avenir spirituel de l'univers est l'avénement de sa méta-conscience, localisée précisément là où l'auto-organisation est la plus active, rien ne permettant de dire que c'est notamment sur terre que la complexité est la plus avancée.
Dieu a un corps et un esprit, et nous en faisons partie.Et c'est dans cette unité du tout que réside la nouvelle espérance.

Patrice Weisz








3 commentaires:

Ô... a dit…

Dieu a un corps et un esprit. Tu y crois donc...Alleluia Alhamdulilah

Paul a dit…

Bonjour

A ma connaissance, l'être humain est le "lieu" où Corp et Esprit peuvent prendre conscience de leur rencontre.
Pour preuve, vous les nommz cote à cote dans votre texte.
L'emergence du mot Amour est l'objet de mon commentaire.
Paul

Patrice Weisz a dit…

Cher Paul,
je crois qu'effectivement c'est en l'homme que la matière rencontre enfin l'esprit dont elle est née.
Cette dualité constitutive de l'homme n'aurait pu émerger dans un univers mono-substance. Et c'est dans la reconnaissance de cette dualité difficilement contournable que réside notre meilleur gage d'espérance.