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Le Très Grand
Univers de la non-matière
Faisons un peu vagabonder notre imaginaire dans les abîmes de la géométrie, afin d'essayer de ressentir le vertige de l'infini, et de tenter d'approcher la réalité à couper le souffle du vrai grand monde...
Imaginez un espace-temps infini plongé dans un grand univers au nombre de dimensions infini.
Imaginez que l'espace avec ses trois dimensions et le temps, la quatrième, soient simplement dans le même rapport aux dimensions de l'univers que ce que sont les 4 premiers nombres (1,2,3,4) à l'ensemble infini des entiers naturels.
Les 4 dimensions sont-elles réelles ?
Imaginez que le grand univers réel ait autant de dimensions qu'il existe de nombres entiers, mais que nous ne pouvions en connaître que le début : 1,2,3 et 4 car nos sens et notre entendement sont très limités. Que nous ne puissions compter plus loin que 4 comme un petit enfant qui, au-delà, se retrouve avec l'esprit confus et tantôt continue au hasard, tantôt reboucle au début de sa petite suite avec fierté.Imaginez maintenant que, comme nous l'avons vu pour les univers fractals, qu'il soit possible que l'univers réel ait des dimensions s'exprimant sous forme de fraction 4,5 ; 14,2, etc..., ou que la longueur du mètre ici soit différente de celle du mètre là-bas, ou que le temps ne s'écoule pas pareil partout, ou qu'il existe une dimension qui soit à la fois un peu d'espace et à la fois un peu de temps....
Imaginez maintenant que l'univers réel ait autant de dimensions qu'il y a de nombres réels dans l'ensemble R.
Mathématiquement on démontre qu'il y en a alors une infinité non dénombrable, c'est à dire largement supérieur à l'intégralité déjà infinie de la suite des entiers naturels.
Qu'il y a une infinité non dénombrable, c'est à dire largement supérieure aux nombres infini des entiers, contenu dans n'importe quel intervalle aussi petit que l'on veut.
Et que chacune de ces dimensions soient fractionnelles voire réelles. Qu'à tous les nombres réels possibles correspondent à chaque fois une dimension réel existante.
Voilà ce qu'est l'infini réel du Grand Univers.
Des milliards de milliards de dimensions
En fait, on pourrait dire aussi bien qu'il n'a pas vraiment de dimension car les dimensions sont des notions humaines, des façons de percevoir le monde extérieur, mais ne sont pas des propriétés de celui-ci.Le Grand Univers n'a pas de dimension car il est d'une densité absolue dans tous les sens. aucun axe ne peut être privilégié et tout axe est nécessairement arbitraire et correspond simplement à un angle de vue restreint.
Il est partout et contient tout
On peut le découper comme l'on veut, lui plaquer les modèles que l'on veut en cube, en sphère, avec autant de dimensions que l'on veut : il en sort toujours quelque chose car il est là partout.Néanmoins, c'est le fait que l'on plaque quelques dimensions bien déterminées à cette réalité en voulant l'y circonscrire qui amène le paradoxe de l'infini en taille et en âge de notre univers.
Notre univers déborde de la boite dans laquelle on veut le mettre.
L'infini n'est pas physique
C'est précisément parce que l'on ne peut que mettre des infinis aux extrémités des dimensions qu'on lui prête que l'on peut affirmer que celles-ci ne sont pas adaptées à sa géométrie.Poser des infinis, c'est reconnaître la limitation de l'entendement humain.
L'infini c'est le bug du modèle mathématique, c'est le point d'achoppement de toute théorie scientifique.
Car une théorie doit s'appuyer sur des faits d'observation, des grandeurs mesurables. Or l'infini n'est pas mesurable, donc ne peut correspondre à une observation. Trouver un infini dans une théorie, c'est reconnaître son inachèvement, son inexactitude, son instabilité.
Le concept d'infini n'a pas de signification physique, et son apparition dans un théorie indique que celle-ci est incomplète et fausse en certains points, donc réfutée rationnellement ! Mais toutes les théories actuelles sont alors fausses car utilisent l'infini pour circonscrire la géométrie de l'univers. Ce n'est pas une découverte, ce n'est qu'un constat d'humilité incontournable.
L'infini ne peut qu'être abstrait ; c'est une idée, une limite que l'on ne peut pas atteindre. Poser un infini sur quelque chose de matériel est absurde.
L'infini est nécessairement immatériel.
L'espace-temps reste un concept, une vision mathématique, un modèle mais sûrement pas une réalité. Car la réalité du monde ne peut se laisser englober par la pensée humaine.Du coup on imagine bien devant cette compacité multi-directionnelle que la notion même de dimension entière est une façon extrêmement simplifiée de voir le monde.
Pourquoi l'univers serait restreint à nos 4 directions indépendantes, sous prétexte que l'on ne peut rien savoir de ces autres dimensions ? Que l'on ne possède pas de sens pour y percevoir quelque chose.
Je ne parle pas ici des univers parallèles, des multivers, hypothèse qui spécifie qu'en chaque instant notre univers à 4 dimensions bifurque et génère un autre univers un peu différent avec une existence autonome permettant ainsi la réalisation de tout ce qui est possible.
Je parle ici d'un même grand univers, dans lequel notre espace-temps est plongé.
Il suffit alors de mélanger ces deux notions pour obtenir le très grand univers (TGU) :
Le TGU est l'ensemble de tout ce qui est possible, déjà réalisé, dans lequel notre espace-temps navigue au gré de bifurcations, guidé par le principe de moindre action qui lui fait emprunter en chaque instant le chemin le plus court, optimisant ainsi ses déplacements.
L'espace-temps ne va pas n'importe où, son déplacement est sous contrainte. Car il se déplace de façon continue, tout simplement parce qu'il suit une surface pré-existante.
Volonté humaine et bifurcations de l'univers
Mais la trajectoire de l'espace-temps est également modifiée par nos choix.L'homme par sa volonté, agit sur le monde et donc le modifie.
Ou plutôt modifie sa trajectoire. Ce qui se traduit par le fait que notre bouchon flottant d'espace-temps emprunte alors une autre direction légèrement différente.
Si je décide de me lever, notre univers bifurque pour aller dans la direction d'un monde où je me lève.
Si par contre je décide de rester assis, alors l'univers bifurque vers un futur où je suis assis.
Il parait assez étrange qu'un simple petit geste puisse faire déplacer tout un univers, mais en fait rien ne se déplace, car l'espace-temps n'est rien d'autre qu'un flux informatif. Quand il y a changement de direction, c'est qu'il y a simplement changement de point de vue. Ce que l'on voit, ce que l'on touche, n'est qu'informations transmises au cerveau pour peaufiner sa représentation du monde. On ne peut pas savoir si notre cerveau n'est pas dans une cuve1 car il ne fait que gérer quelques informations via ses sens, filtrant sans doute un flux incommensurable, tout comme une radio se fixe sur une fréquence précise pour recevoir un signal cohérent, dans le fourmillement inextricable des millions d'ondes se chevauchant dans lesquelles on baigne en permanence sans en avoir conscience. On peut voir alors le monde comme étant cette superposition inouï de possibilités concomitantes, nos sens étant nos capteurs suivant certaines longueurs d'ondes desquelles se dégagent une certaine vision du monde, et ne pouvant pas se caler sur d'autres flux nécessitant d'autres récepteurs de conception différente..
Et il en va de même pour tous les individus, mais aussi pour tous les êtres.
Aucun être ne vit exactement dans le même espace-temps car le temps et propre à chacun : il est relatif et modal.
Le destin existe-t-il ?
Le monde réel apparaît comme déterministe. Le hasard ne peut exister réellement, il n'est qu'un phénomène apparent.Cela implique donc que le futur de l'univers existe déjà ou plus exactement est déjà écrit.
Le futur est contenu potentiellement dans le passé et se déroule de façon déterminé.
Oui mais quel futur ?
Et si tous les futurs possibles étaient déjà là mais que seulement un seul nous est accessible ?
Voilà ce qu'est un TGU compact : C'est un paysage fait de montagnes et de vallées, que l'on découvre progressivement en marchant.
Différents chemins se présentent à nous et nous sommes libre d'emprunter celui que nous désirons. Par contre nous ne pouvons pas rebrousser chemin. Nous ne pouvons, hélas, englober tout le paysage : nous ne voyons qu'un côté, notre vue est limitée et ce qui nous apparait dépend du sentier emprunté. Ce n'est pas parce que nous empruntons un chemin différent que le paysage change. C'est nous qui nous déplaçons et non les montagnes, C'est notre point de vue qui varie et non le paysage. Notre point de vue est notre fenêtre d'espace-temps ; le paysage est le TGU. Pendant que nous sommes à l'écoute d'une certaine longueur d'onde, il se passe autre chose sur les autres chaînes mais nous n'avons pas le don d'ubiquité. Nous pouvons changer de chaîne, mais ne vivrons pas ce qui se serait passé en étant rester passif. Nous pouvons zapper mais ne pouvons ni inverser le temps ni assister à plusieurs programmes à la fois !
Dire que le futur n'est pas déjà écrit, c'est un peu comme soutenir que le paysage n'était pas déjà là bien avant d'y poser les yeux.
Mille chemins sont possibles : certains me sont imposés d'autres sont le fait de mon libre-arbitre mais tous sont déjà tracés dans une contrée immuable.
Du point de vue géométrique, au fur et à mesure des détours de sa trajectoire, le chemin dévoilerait dans notre fenêtre d'espace-temps des formes, sans que l'on puisse toujours prédire à l'avance lesquelles. Les formes prédictibles seraient alors la partie déterministe de ce que l'on connaît du monde et les évènements indéterministes ceux qui seraient en dehors de notre sphère de causalité, impossibles à deviner à l'avance et pourtant déjà là.
Les évènements spatio-temporels déjà existant pour nous ou à venir (dans notre futur) sont ce que l'on appelle la matière.
Ceux que l'on ne rencontrera jamais sont la non-matière, l'immatériel car situés dans un ailleurs inaccessible.
Imaginez que ce que l'on appelle la matière est ce qui peut se percevoir dans nos quatre dimensions mais correspond à autre chose de plus vaste. Tout comme l'iceberg immergé ne laissant apparaître que 1/7 de ses glaces hors de l'eau, ne laissant aucunement deviner les formes spectaculaires des 6/7 restant, enfouies dans les profondeurs des eaux sombres.
L'en-dehors de l'espace-temps
On appellerait alors la partie cachée, non immergée dans les 4 dimensions de l'espace-temps le non-matériel, c'est à dire ce qui est en-dehors de l'espace-temps.Le non matériel, l'immatériel, n'existe pas pour nous directement car il ne peut s'observer, n'étant pas localisable en x,y,z et t.
Étant en dehors de notre espace-temps il n'aurait selon nos critères d'entendement ni étendue ni durée.
L'immatériel serait partout et nulle part, d'âge infini ou nul, peu importe, car sans coordonnées localisables.
Une équation mathématique définissant une courbe à deux dimensions à partir de deux variables (x, y), exprimée dans un univers à trois dimensions a une variable libre (z) qui peut prendre n'importe quelle valeur : cela ne change rien à sa forme.
Il en est de même pour l'immatériel : on peut lui donner n'importe quelle valeur en x, y, z ou t cela ne change rien : la relation mathématique pouvant exister entre les points constituants son enveloppe fait appel à d'autres coordonnées, situées sur d'autres axes que les 4 premiers habituels.
Imaginez maintenant que le TGU soit en fait sans dimensions précises, que les dimensions que l'on utilise naturellement sont celles que notre entendement y plaque, qu'elles dépendent en fait de celui qui observe et qu'elles ne soient pas là en dehors de tout observateur.
Qu'on ne puisse voir autrement le monde qu'en lui imposant le carcan d'un repère orthonormé à 4 axes indépendants, mais qu'en fait ce carcan est constitutif de notre entendement et est donc d'une certaine façon arbitraire. En d'autres termes un être pouvant voir différemment les dimensions plaquerait son propre système de perception sur le monde et appellerait matière tout autre chose. Cet être serait à l'écoute d'une autre chaîne, sur une autre longueur d'onde, et ce qu'il y verrait formerait sa réalité, au détriment de ce qui peut se passer ailleurs, ne relevant alors pour lui que de la pure spéculation.
Et ce qui nous apparaît comme ayant une existence douteuse lui apparaîtrait tout à fait concret et tangible, alors qu'il pourrait être très dubitatif quand à l'existence de notre matière dans des dimensions que son entendement n'appréhende pas.
Imaginez que notre perception des phénomènes dépendent de l'angle selon lequel on observe les singularités qui nous apparaissent, de notre position ou de notre vitesse, et que la perception que l'on se fait ainsi du temps et de l'espace en dépende.
Que la relativité d'Einstein soit la première percée dans ce sens, et que Kant ait eu raison en disant que l'espace et le temps sont des modalités de notre conscience.
Imaginez que c'est notre entendement qui nous fait percevoir de la matière là où il y a quelque chose de plus vaste mais inaccessible à cause de notre finitude. Que la matière ne soit qu'une facette de la substance constituant le monde..
Imaginez maintenant la petitesse de notre espace-temps "observable", plongé dans le TGU réel dont une infime partie nous apparaît matérielle.
Si vous imaginez tout cela, l'immatériel bien que non appréhendable par notre entendement se retrouve exactement sur le même plan de réalité que la matière qu'il nous est donnée de toucher. Il est le flux informatif que nous ne pouvons écouter avec nos sens.
C'est la spécificité des sens extérieurs de l'homme qui crée la distinction arbitraire entre le matériel et l'immatériel.
Un peu comme le prisonnier qui, dans sa cellule, se dit que tout ce qui se trouve en dehors n'existe pas, sous prétexte qu'il ne peut ni le voir, ni le toucher, ni le sentir.
La prison de l'homme c'est son espace-temps modal.
A partir du moment où il y a consensus pour reconnaître la finitude de l'homme, alors il parait assez rationnel de supposer que des choses lui échappent et lui échapperont toujours.
Restreindre l'univers à ce que l'on peut en connaître c'est tenter de se persuader que la terre est plate, sous prétexte que l'on ne sait pas construire de bateaux permettant d'aller voir ce qui se passe au-delà de l'horizon. La pensée rationnelle dominante tend à imposer la négation du non observable, faisant une fois de plus dans l'histoire de l'homme un acte de positivisme abusif. Mais la logique élémentaire nous amène pourtant nécessairement à postuler que ce que l'on peut percevoir est négligeable par rapport à tout qui nous échappe.
Il ne parait pas abusif de dire que l'homme ne peut être qu'un être fini, pas plus que de dire que l'univers ne peut être qu'un être infini.2
Or le fini est assimilable à 0 (zéro) devant l'infini.
Donc l'immatériel, l'en dehors de notre espace-temps modal, "la matière spirituelle" non seulement existe nécessairement, mais remplit le Très Grand Univers autrement mieux que la quantité négligeable de matière que l'on calcule dans notre univers.
Et la distinction de substance entre la matière et la non-matière (l'esprit) n'est pas en conséquence une distinction ontologique, mais seulement une distinction de point de vue.
Ce qui est réel n'est pas observable et ce qui se voit n'est qu'apparence.
La dualité : tout dépend de l'angle sous lequel on regarde les choses...
La dualité constitutive de l'univers n'a de sens que par rapport aux modalités de perception de l'entendement humain.
Il s'agit donc non pas d'une dualité en-soi mais d'une dualité pour-soi (pour l'homme).
Penser l'immatériel, c'est simplement prendre la pleine mesure de la limite de l'homme, "être" infiniment fini, plongé dans les ombres d'une réalité incommensurable et totalement insaisissable, et qui n'a pour éclairer son chemin qu'une très faible lueur : celle de son entendement.
2"Tout ce monde visible n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature " Pascal, Pensées n°72
4 commentaires:
à 6 ans je me demandais si l'on pouvais enfermer la lumière dans un sac...
Aujourd'hui à l'aube de mes 20 ans, je me suis posé presque toutes les interrogations développées ici...
Comparer à mon esprit ce texte et d'une infinie clarté. merci.
je tente parfois d'écrire ce que vous avez brillamment résume...cependant la fraction de seconde de réflexion m'est un calvaire à transcrire sur papier de façon compréhensible.
alors j'en viens à penser qu'il y a des gens douer pour écrire, d'autres pour penser et encore d'autres pour les deux.
merci pour cette article. j'ai eu l'impression de discuter avec moi meme.
Bonjour,
Encore merci pour votre joli commentaire.
Vous donnez l'impression de très bien écrire, alors lancez-vous !
L'écriture de ses propres réflexions est un exercice enrichissant mais au départ ardu, surtout si on décide de les publier, donc de les soumettre à la critique. Personnellement, je passe plus de temps à vérifier si ce que je dis tient la route sur le plan scientifique et logique en faisant des recherches sur internet pour "sentir" ce qu'en disent les autres, que de temps réellement consacré à la rédaction elle-même. Ce qui explique que celle-ci est loin d'être parfaite et souvent bourrée de fautes. Je suis conscient que mes textes pourraient être améliorés mais je les publie quand même laissant à plus tard leur correction définitive. C'est à ce prix qu'ils peuvent voir le jour, ayant non pas atteint la perfection aux yeux de leur auteur, mais simplement le seuil minimum nécessaire pour une parution.
On est jamais pleinement satisfait de ce que l'on écrit, mais cela ne doit surtout pas être un frein pour oser partager le fruit de ses pensées.
Faites plus que tenter d'écrire : écrivez, publiez, lancez-vous, et vous en tirerez certainement autant de plaisir que celui que votre petit mot m'a donné.
Bonjour,
Très intéressant tout cela... Vos articles ont quelques années : est-ce que vous continuez à y repenser et à les corriger au besoin ? Vous devriez ; c'est souvent après quelques années, à la relecture de ce que l'on avait écrit, que l'on fait les plus belles découvertes...
Amicalement,
Vlada.
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