De la causalité esprit-matière...

Bonjour et bienvenue sur ce blog

Si vous refusez comme moi la nécessité scientifique d'un monde absurde ;

Si vous n'acceptez pas que le hasard soit considéré comme une cause agissante ;

Si vous tentez d'imaginer que notre monde (non restreint à l'univers observable) est causal mais que vous tenez aussi à votre libre-arbitre ;

Si vous n’aimez pas faire intervenir de façon trop triviale un Dieu à la volonté insondable pour expliquer ce qui vous échappe ;

Si ce que je vous dis ici vous parle ;

Alors soyez les bienvenus :

nous sommes sur la même longueur d'onde pour tenter d'imaginer, ensemble, autre chose réconciliant ce que nous proposent la science et la religion d'aujourd'hui dans leur opposition manichéenne.


Patrice Weisz

4- Dieu n'est pas un phénomène


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La création d'Adam par Michel-Ange - Chapelle Sixtine (1512)

La science est athée et devrait être agnostique.

Juste un petit mot pour se détendre après la causalité.
Qu’est-ce qu’exister pour un être ?
Je ne rentrerais pas dans les débats philosophiques de l'existentialisme moderne (Sartre, etc..). A priori, je ne crois pas que l’existence précède l’essence, car cela me paraît trop matérialiste*, ni que l'essence précède l'existence, ce qui je crois est une position excessivement idéaliste*. La voie médiane est sûrement entre ces deux espèces d'extrémismes philosophiques, dans une génération concomitante et récursive.
Malgré tout, sur un plan beaucoup plus terre-à-terre, je crois néanmoins que l’on est (que) ce qu’on se fait, et que l'on n'est pas ce que l'on pourrait (peut-être) faire, mais là n’est pas le sujet !
Ici je prendrais le point de vue de la science moderne parlant de l’existence d’un objet, ceci pour rester dans le cadre scientifique qui est notre garde-fou.

L'existence est contingente

Sur le plan philosophique, Kant en travaillant sur les preuves de l'existence de Dieu, fit remarquer que l'existence n'est pas une propriété, mais la copule d'un jugement. En logique mathématique on dirait :
ce n'est pas un prédicat mais un quantificateur.
Un peu de mathématiques :
: est le quantificateur voulant dire "pour tout" ou "quelque soit"
: est le quantificateur voulant dire : "il existe"
Ce quantificateur d'existence est impersonnel et a un sens différent de celui d'un prédicat.
Prenons un exemple de prédicat :
P(x)= "Être un homme",
on a P(Socrate) est VRAI.
Soit la proposition "Socrate est un homme" est VRAI.
Le prédicat est une affirmation ou une certitude logique ou empirique, alors que l'existence est une possibilité.
Prenons un exemple de quantificateur :
Par exemple pour montrer que l'ensemble des nombres est infini, on suppose qu'il existe un nombre plus grand que tous les autres, et on montre qu'on peut lui ajouter 1 et obtenir un nombre encore plus grand, donc qu'il n'y a pas de nombre plus grand que les autres. CQFD
Voilà la démonstration :
(1) Si n N alors n, n+1 N (tous les entiers admettent un successeur par construction de N)
Soit A N, tel que nA, A>n (on suppose que A est le plus grand entier)
d'après (1),  B, tel que B=A+1,
donc B>A et n, A>n donc pour n=B on a :
A>B et B>A, donc c'est impossible : il n'y a pas un plus grand entier.
Ici le quantificateur d'existence n'affirme pas que le nombre B existe vraiment, mais que l'on doit pouvoir trouver un nombre B tel que B=A+1, et le raisonnement se poursuit sur cette supposition, pour aboutir à une contradiction.
Donc en fait le nombre B n'existe pas, car le nombre A ne peut pas exister. L'existence ne fait pas partie des caractéristiques du nombre B.
 B n'est donc pas une affirmation logique, Mais quelque chose que l'on suppose vrai.
Donc l'existence ne fait pas partir des propriétés d'un objet, de son essence, mais de notre façon de le voir. Les philosophes concluent donc que l'existence est contingente et ne peut pas se prouver, car elle n'a aucune nécessité logique.
On constate empiriquement l'existence de certains phénomènes, on en suppose l'existence d'autres, mais on ne peut démontrer pourquoi quelque chose existe, sauf à le poser comme conséquence de phénomènes antérieurs l'ayant causé.
Mais à ce moment, c'est la relation de causalité les reliant qui en devient contingente et non nécessaire, car elle n'est rien d'autre qu'un constat de régularité empirique, que l'on trouve ici, faisant partie du donné du monde qui est là.

L'existence physique se constate dans l'espace et dans le temps

Exister, c’est du point de vue de la physique moderne avoir une réalité phénoménale et donc posséder des propriétés physiques de masse, d’étendue, etc.. C'est aussi être localisable dans le temps et dans l'espace. Pour être observable, il faut avoir des propriétés agissant sur des instruments de mesure ou sur les sens. C'est ce que l'on appelle des propriétés causales. Peut-on alors imaginer des êtres réels n'ayant aucune propriété causale ?

Le principe éléatique :

École Éléatique : Cette école philosophique tire son nom d'Élée, ville de la Grande-Grèce, où naquirent les deux principaux représentants de la doctrine, Parménide et Zénon.
L'idée commune à tous ces philosophes, celle qui forme le lien de l'école, est l'idée de l'unité de l'Être. Ils introduisirent dans le monde cette idée, qui ne devait plus disparaître, que l'Être, considéré en lui-même, est un, éternel, indestructible, immuable.
Pour les Eléates, rien ne naît de rien et rien ne retourne à rien.
En philosophie de l'esprit analytique moderne, on l'énonce de la façon suivante :
« Seules les choses causalement actives sont réelles. »
De ce point de vue, notre conscience n’existe pas, seule les neurones avec lesquels elle entretient un lien privilégié sont observables. Et pourtant elle EST bien là et toujours là, quelque part dans notre tête ! Et quelque part dans le présent.
Elle est même la seule donnée tangible dont je suis absolument sûr quand je suis envahi du doute cartésien.
Curieusement si je me pose la question de l’existence de Dieu j’en arrive aux mêmes conclusions :
Dieu n’existe pas sous une forme observable ; il n’a pas de réalité phénoménale : on ne peut donc constater son existence par la mesure et l’observation. Il n'est scientifiquement pas là !
Ma conscience n'est pas montrable à un tiers, je suis le seul à pouvoir l'observer. Et Dieu, de la même façon, n'est pas un phénomène d'ordre physique ; celui qui prétend l'avoir vu ne peut pas faire partager son miracle, bien malgré lui.
Donc si Dieu existe quelque part, cela ne peut se faire qu'en tant qu'Etre réel et non en tant qu'existant dans notre représentation du monde. Car même si vous le portez dans votre cœur, aucun chirurgien ne pourrait le trouver en vous charcutant avec son scalpel.
Pourquoi alors supposer son existence ? Pourquoi ne pas purement et simplement éliminer ce que l'on ne peut pas voir...
Ce que l'on ne peut pas voir... ou ce que certains ne peuvent pas voir ?
Là réside l'ambiguïté. La science se base en principe sur ce que tout le monde peut voir mais pas sur ce qui n'est pas partageable par tout le monde.
Elle devrait aussi éliminer alors notre propre conscience qui ne se partage pas avec les autres mais aucun scientifique sensé ne s'y résout, car tout le monde fait le constat intérieur de la réalité de son existence, quoique non physique, même si chacun ne peut que supposer une conscience chez l'autre.
S'il n'y a que 3 milliards de croyants sur Terre, cela est alors sans doute un nombre insuffisant pour que la science reconnaisse cette croyance comme fondée ?
Ou à l'inverse, le contre-exemple d'une seule personne non croyante est-elle un critère de réfutabilité suffisant, car seule une unanimité totale sur ce sujet est acceptable, à l'instar des axiomes indémontrables de la logique mathématique qui n'existent que par le fait d'un consensus général ?
Enfin n'y a-t-il pas de, toute façon, beaucoup plus de croyants que de scientifiques non croyants sur Terre ? Et donc la question de la recherche d'une éventuelle preuve rationnelle de l'existence de Dieu ne tracasserait finalement que très peu d'individus quelque peu présomptueux ?

L'essence spirituelle de la conscience

Dieu ne pourrait être reconnu scientifiquement que si on lui reconnaissait une marge de manœuvre dans le monde physique. Mais il n'est pas physique ; donc ce n'est pas trivial !
Faisons alors l'hypothèse raisonnable que s'IL est, alors IL est de nature (ou d'essence) spirituelle identique à la nature de notre esprit.
Ainsi nous allons tenter de montrer que la nature spirituelle est UNE et que reconnaître la réalité de notre conscience revient à reconnaître simultanément la réalité d'une conscience transcendante à tout l'univers de la matière, dont les 6 milliards de cerveaux humains ne sont qu'une infime petite partie constituante. La difficulté étant de démontrer que l'existence de notre esprit n'est pas contingente à la matière organisée de notre cerveau, mais lui est liée de façon incontournable.
Et si tel est le cas, il me semble qu'il y a déjà un mot de 4 lettres répondant à la définition d'un esprit infini qui serait aussi lié de façon incontournable à un monde de matière infini..
Et cette analogie porteuse de sens entre l'articulation du monde et le rapport étonnant entre notre esprit et notre corps nous guidera à chaque fois dans nos investigations.

La science a négligé l'esprit pour la matière

Les poissons qui nagent dans la mer voient les rochers et les algues, mais voient-ils l'eau salée transparente qui les entoure et qui les porte ? Et nous, que voyons-nous réellement ?
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Ce poisson voit-il l'eau ?
Supposons que par définition la Main de Dieu soit ce qui agit dans le monde sensible par un lien de causalité élargie (voir texte précédent), sans pour autant qu’aucun de Ses Doigts y soit directement observable ! Ou que cette « poigne » divine se pare des atours du hasard phénoménal mais aussi de la nécessité des lois sous l'oeil inquisiteur de l'homme de science...
Cette définition n'engendrerait vraisemblablement aucune contradiction d'ordre scientifique.
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Mains de Dieu, symbole Slave
Je tenterais de montrer ici que Dieu est plus que possible scientifiquement à partir du moment où il est aussi la Chose en Soi de Kant, mais aussi la méta-conscience duale de notre univers sensible, sa Réalité indépendante, de nature purement spirituelle mais agissante et influençant le devenir de notre monde. Je tenterais de montrer que Dieu pourrait être à la fois le hasard aux voies impénétrables, mais aussi les forces physiques invariantes et éternelles infléchissant le devenir du monde de façon incontournable.
L’enjeu est autrement plus important que la Grande Réunification des Forces, Théorie du Tout dans laquelle il manquera exactement la moitié de notre monde et qui se fera le fer de lance d’un monde vide de sens ou le Hasard surpuissant sera l'atout maître et régnera de façon absolu, comme le Joker du jeu de cartes pouvant remplacer n'importe la quelle d'entre elles.
Il faudra bien que bientôt la physique face une place à l'esprit, au moins par reconnaissance, car sans les cogitations spirituelles des grands hommes, elle n'aurait jamais vu le jour.
La science vit ainsi dans ce paradoxe de la non prise en compte dans son champ d'investigation de l'existence de l'essence de ces esprits brillants qui lui ont donné vie, ne sachant discourir que de la matière inerte et allant hélas parfois jusqu'à nier ce qu'elle ne peut ni prouver ni infirmer.
Il faudra bien pourtant reconnaître que l’interaction de l’esprit avec le corps est d’un autre type que l'interaction causale physique habituelle et ne doit pas être classée dans les pseudo-sciences ésotériques très controversées, ni être réduite à celles de Bosons. Il ne faudrait pas non plus que l'incapacité à en rendre compte scientifiquement débouche sur un nihilisme de l'esprit pur et dur.
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Un fermion et ses quarks
Les sciences neuronales sont là, à côté des sciences cognitives et elles balbutient mais deviendront vraisemblablement des sciences exactes une fois formalisées. Et c’est sûrement par leur biais que la jonction se fera.
Que le pouvoir de l'esprit sur la matière sera expliqué. Personne ne peut actuellement comprendre le mécanisme permettant de relier mon idée de lever le bras et l'action physique qui s'en suit pour atteindre mon objectif. C'est la chose la plus banale et en même temps celle qui entre en totale contradiction avec toute les lois matérialistes de la science. Nous y reviendrons encore et encore...

Le concept de Dieu

Le concept de Dieu est trop vague et trop galvaudé, l’extension de sa portée lui en fait perdre sa signification.
Il désigne pour chacun de nous un contenu différent. Certains concepts ont besoin d’une reformulation pour reprendre du sens, d'un recentrage ou au moins d'une spécification précise de contexte.
En repositionnant le concept de Dieu comme désignant la totalité de l’Etre en dehors du monde sensible, non seulement il n’y a plus contradiction avec la science, il y a toujours identité avec le Dieu de la religion mais en plus il y a un apport de sens substantiel à notre monde.
Aucun scientifique ne pourra contester cela, aucun religieux n'ont plus. Car cela reste compatible, à la fois avec les théories scientifiques et à la fois avec les théories religieuses.
Et les deux parties en bénéficieront.
Et les scientifiques ne diront plus : « Dieu ? Je n’ai pas besoin de cette hypothèse. » car s'ils veulent aller plus loin dans leurs explications sur le devenir du monde, et avant même cela, pouvoir expliquer ce qui se passe quand je lève volontairement mon bras ici-bas, il leur sera nécessaire de postuler une réalité indépendante, et de la reconnaissance de cette réalité indépendante à l'idée d'un Dieu-réalité il n'y a qu'un pas vite franchi.
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Ce bras est-il levé uniquement par la force de la pensée ?

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Patrice Weisz

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